Une grande campagne d’adressage a été lancée par la ville de Drap, notamment pour se conformer à la loi. Cette dernière impose que chaque rue soit nommée, chaque maison numérotée. « Il fallait une mise à jour, car il y avait des problèmes de distribution de courrier. Et pour les secours et l’installation de la fibre, il faut des adresses et des numéros précis », argumente Robert Nardelli, le maire de la commune.
En juin, une commission s’est donc réunie pour attribuer des noms aux rues qui n’en avaient pas. Mais plus d’une dizaine de rues déjà nommées, « celles qui étaient sujettes au débat » selon le maire, ont également été rebaptisées. La rue Lénine devient la rue Roger Cappellini (hommage à une figure de Drap, récemment décédée), la place Lénine devient la place Louis Delfino (du nom d’un aviateur qui a habité Drap, selon le maire). D’autres voies ont été légèrement modifiées.
Le boulevard Stalingrad disparaît
Mais le plus gros point de crispation: le boulevard Stalingrad, devient le boulevard des Rives du Paillon. Ce qui n’a pas manqué de faire bondir Alternative Communiste 06. « La majorité regrette la victoire de Stalingrad? », s’interroge le mouvement dans un communiqué. « Utiliser Stalingrad, ce n’est pas juste montrer un attachement au communisme. C’est aussi la première victoire de taille contre les nazis« , rappelle Philippe Pellegrini, ancien secrétaire départemental du parti communiste. La bataille de Stalingrad a en effet opposé les forces soviétiques aux nazis. En 1943, son issue favorable à l’URSS a vu la première vraie défaite allemande.
En conseil municipal, l’opposition s’est interrogée sur l’utilité de cette décision. Réponse d’Alexandra Russo, adjointe au maire: « La bataille de Stalingrad n’est pas une fierté historique. Il ne faut plus mettre en avant ces grandes batailles du passé qui ne sont pas des grands moments pour la France ». Le maire, qui reconnaît que son adjointe est « allée un peu loin dans ses propos », assume la décision, sans véritablement en expliquer l’objectif. « Chaque rue a été passée en revue par une commission dans laquelle il y avait un membre de l’opposition. En conseil municipal, personne ne s’est opposé à ces changements. Nous reprocher cette décision, c’est faire des polémiques politiques », tranche Robert Nardelli.
« Les Drapois vont devoir faire des changements d’adresse »
Pour Sandrine Guglielmino, pas question de politique. Avec son groupe, l’élue d’opposition s’est abstenue lors du vote pour ne pas s’opposer au projet global d’adressage. Mais elle s’inquiète des démarches que ces changements vont engendrer. « C’est un désagrément pour les Drapois qui résident à cette adresse car il va falloir qu’ils fassent des changements d’adresse partout », pointe-t-elle. Entre 50 et 100 personnes pourraient impactées, rien que pour le boulevard Stalingrad. La municipalité assure que toutes les démarches seront gratuites.