Lorsque Marvin Klein et Yoann Piazza parlent de rap, ils pourraient bavarder des heures sans s’arrêter. « On mange rap, on dort rap, on vit rap. C’est difficile pour nous de s’occuper autrement aujourd’hui », reconnaît le premier. Il y a six mois, les deux compères créaient l’association 13HOR dont ils sont aujourd’hui les coprésidents.
Leur objectif : mettre en avant des artistes, chanteurs, danseurs et musiciens encore méconnus et désireux de gagner en visibilité.
« Ce n’est que le début mais notre volonté est réelle. Notre région regorge de talents et on souhaite absolument valoriser leur travail » », lance Yoann. Une chose est certaine, le duo est déterminé. « Sur le long terme, on veut faire quelque chose de grand et toucher un public national. On est ambitieux mais on prend notre temps pour faire les choses bien, modère Marvin. On ne veut pas griller les étapes. »
Le rap comme thérapie
Aujourd’hui, le duo souhaite donc se développer et collaborer avec d’autres associations qui partagent les mêmes ambitions. À titre personnel, ils ont également des projets bien affirmés : « On nous a toujours rappelé l’importance d’aider les autres. Mais des fois, il faut aussi penser à soi ». En effet, ces Mentonnais aspirent tous les deux à faire de leur passion un métier.
« On se complète bien mais je dirai que Marvin est plus à l’aise pour la topline (la partie vocale d’un morceau) et moi, je suis meilleur pour l’écriture. Des fois, il m’arrive de créer un texte en une seule matinée », avoue Yoann. Petit, il habitait dans le village de Peille, au nord-ouest de Menton. C’est son père, épris de poèmes et de littérature, qui lui a fait prendre conscience du pouvoir des mots et de leur importance : « J’essaie de mettre à profit tout ce qu’il m’a appris. Je pense que ça m’a aussi permis de développer un esprit créatif ». Une fois au collège, on lui a offert un carnet. Dedans, il a commencé à écrire ses premiers couplets. « Il s’est rapidement rempli, on a dû en acheter un autre », se rappelle le jeune homme.
Environ dix ans plus tard, Marvin et Yoann décident de fonder un duo musical : le Hookk. « Pour l’instant, les revenus ne sont pas suffisants pour en vivre, du coup on travaille à côté. Mais au fond, ce qui compte le plus pour nous, c’est le rap », soutiennent en cœur les deux artistes. Amis de longue date, ils se retrouvent tous les jours pour écrire, créer et répéter. Néanmoins, même s’ils espèrent faire carrière dans la musique, les deux garçons prennent leur temps et ne veulent pas précipiter les choses : « On ne cherche pas forcément à devenir célèbre. Le plus important, c’est de prendre du plaisir dans ce qu’on fait », précise Marvin.
« Changer les mentalités »
Ce soir, les deux acolytes se produiront dans le cadre de l’Urban Sun, le tout premier spectacle qu’ils organisent. Ils espèrent donc donner de la visibilité aux 16 artistes qui participent, mais pas que : « On fait aussi notre maximum pour changer les mentalités autour du rap. Et je pense que des événements comme celui-ci peuvent vraiment faire bouger les choses », affirme Yoann. En 2023, ils rencontrent Vanessa Vivier, éducatrice à la Mission Locale Est 06. Grâce à elle, ils ont pu échanger et sympathiser avec plusieurs créateurs musicaux du secteur, une véritable opportunité lorsqu’on démarre dans un milieu artistique. Un studio d’enregistrement a également été mis à leur disposition afin qu’ils puissent produire un travail de qualité.
À présent, leur objectif est clair : multiplier les prestations pour faire tomber les préjugés autour du rap. « Le rap, c’est un univers immense avec des dizaines de styles différents. Si rien ne te convient, c’est que tu n’écoutes pas le bon artiste ». Leur concert, organisé sur l’esplanade Francis-Palmero à Menton, est surtout le fruit d’un long travail de six mois. Durant cette période, Marvin et Yoann étaient présents pour donner de précieux conseils, notamment à ceux qui passent pour la première fois sur scène. « Quand tu es face à un public, tu n’es plus le même, tu ne contrôles plus rien, raconte Marvin. La scène, c’est comme une drogue : une fois que t’y as goûté, tu ne peux plus t’arrêter. »