Par
Marie Lamarque
Publié le
12 juil. 2025 à 8h04
Quatre jours que le contournement de Verfeil est fermé en lien avec la reprise des travaux de l’A69 entre Toulouse et Castres. Et la colère gronde chez les habitants de la commune située à l’est de la Ville rose. Depuis le lundi 7 juillet 2025, la RD20 qui permet de contourner le village, n’est plus ouverte à la circulation. Voitures et camions sont contraints de passer par le bourg. De quoi perturber le quotidien des riverains qui se sont réunis pour manifester ce matin du vendredi 11 juillet 2025. C’est sur un point de la route de Puylaurens, qu’ils définissent comme particulièrement dangereux du fait de ce nouveau trafic, qu’ils ont interpellé Atosca, la société de concession en charge de réaliser l’A69. Des silhouettes noires, comme celles qui représentent un décès sur la route, ont été installées. Une façon de prédire un destin funeste… « Verfeil sera victime d’un accident et ça sera la fin de l’histoire, l’arrêt du chantier », pressent Anne, membre du collectif de riverains.
Pourquoi la RD20 doit être démolie ?
Les travaux de la contestée A69 ont été autorisés à reprendre fin mai dernier. Le chantier de Verfeil constitue un point stratégique, car c’est ici que la future autoroute reliant Castres à Toulouse doit se raccorder à l’A680, elle-même reliée à l’A68 au niveau de Castelmaurou.
Il prévoit également la démolition de la RD20 qui permet de contourner le village sur 1,5 km, et son remplacement par un tronçon d’autoroute. Les caractéristiques techniques de la RD20 font qu’un simple élargissement ne le permettrait pas. « Par conséquent, Atosca doit procéder à son démantèlement », explique la société de concession. Mais avec l’arrêt du chantier durant quatre mois, elle n’avait pas eu le temps de le réaliser.
Après une première coupure en février dernier, ces riverains voient l’histoire se répéter, à leur grand regret. « Atosca peut reprendre un chantier, mais on ne peut pas faire n’importe quoi », souligne Anne.
Le plan de la déviation mise en place. (©Mairie de Verfeil)« Une mise en danger de la population »
Durant au moins neuf mois, les Verfeillois devront subir le report du trafic dans le bourg, soit « près de 7 000 voitures et 700 camions par jour, sur une route départementale empruntée par des enfants qui vont à l’école, au stade de foot, avec des arrêts de bus… Elle n’a pas été construite pour accueillir ce trafic-là », alerte Anne. Et d’ajouter : « C’est une mise en danger de la population de Verfeil« .
Le collectif alerte sur de nombreux problèmes de sécurité. Il en a eu l’illustration ce vendredi matin : des camions qui ne pouvaient pas se croiser sur la route de Puylaurens. « On a mesuré. Sur certains endroits, la route fait environ 5 mètres de large. Un camion, c’est en moyenne 2,55 mètres. Ça ne fonctionne pas. »
Sur cette route, les camions rencontrent beaucoup de difficultés pour se croiser. (©Collectif de riverains de Verfeil)Ces aménagements réalisés par Atosca
Pour rappel, avant la signature de l’arrêté autorisant une nouvelle fermeture de la RD20, le Département avait demandé à Atosca de répondre à plusieurs conditions : notamment « sécuriser la circulation des piétons le long de la route de Puylaurens entre Intermarché et l’arrêt de bus » et « libérer la route de Puylaurens de toute circulation importante au plus tard en mai 2026 pour permettre la réalisation des travaux préalables à l’ouverture du groupe scolaire et de l’ALAE [qui est en cours de construction et dont l’ouverture a été annoncée pour septembre 2026, NDLR] ».
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Sollicitée par Actu Toulouse début juillet, Atosca avait expliqué avoir répondu à ces demandes. Des travaux de sécurisation de la route de Puylaurens avaient été réalisés : des passages piétons ont été créés en plusieurs endroits, un trottoir provisoire de plus d’un kilomètre a été construit, et la signalétique a été renforcée.
Nouvelles signalétiques et création d’un nouveau trottoir : Atosca avait réalisé des aménagements dans le bourg, le long de la déviation. (©Photo d’archives / David Saint-Sernin / Actu Toulouse)RD20 : les riverains demandent « une réouverture immédiate »
Mais pour les riverains, ces aménagements sont très loin d’être suffisants. Ils appellent à « une réouverture immédiate de la RD20 », d’autant qu’ils expliquent n’avoir eu aucune connaissance d’une étude d’aménagement et de sécurisation sur cette déviation de la part d’Atosca. « Un référé pénal et une plainte ont été déposés », poursuivent-ils.
Atosca se défend
Contactée par Actu Toulouse, Atosca se défend, en expliquant que cette étude a bien été réalisée à l’été 2023. Cette dernière « a permis de lever la réserve émise par la commission d’enquête lors de l’enquête publique préalable à l’autorisation environnementale, délivrée par les préfets de Haute-Garonne et du Tarn en mars 2023 », indique la société de concession.
Dans la suite, Atosca explique avoir réalisé différents aménagements sur la déviation : « la mise en place de ralentisseurs et un abaissement de la vitesse à 30 km/h dans la traversée de la ville ». Un carrefour à feux a également été créé au niveau de la gendarmerie.
« Un dispositif d’information spécifique est déployé pour informer les habitants du territoire, les riverains de la déviation et les usagers de la RD20. Cela inclut la diffusion de flyers et affiches dans les mairies et commerces, ainsi que l’envoi d’informations aux abonnés du service MonInfoA69. La période estivale permettra aux usagers de s’habituer à ces nouvelles conditions de circulation », poursuit-elle.
Une réunion publique mercredi
Pour Anne, il existe d’autres solutions que de fermer la RD20. « Pourquoi ne pas travailler par partie comme cela se fait sur l’A680 [l’autoroute est en travaux pour sa mise en 2×2 voies, NDLR] ? On pourrait maintenir le contournement en laissant une voie libre à la circulation. »
Le combat ne s’arrêtera donc pas là pour le collectif de riverains, rejoint par l’association des parents d’élèves de l’école élémentaire Comtesse de Ségur. Ils donnent rendez-vous pour une réunion publique qui se tiendra ce mercredi 16 juillet, à 19h, au parc d’En Solomiac.
De son côté, Atosca et les gestionnaires de réseaux concernés se disent prêts à « procéder à des ajustements d’ici la rentrée scolaire », si cela s’avérait nécessaire.
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