Les images ont été visionnées plusieurs centaines de milliers de fois, rien que sur le réseau social X. D’après une vidéo y circulant, une boulangerie du centre-ville de Strasbourg (Bas-Rhin) aurait été « prise d’assaut » par des militants propalestiniens ce week-end, car celle-ci appartiendrait à une personne issue de la communauté juive.

Des images notamment relayées par des comptes pouvant être rapprochés de l’extrême droite comme celui de Jean Messiha, mais aussi par l’ancien député socialiste Julien Dray et surtout par la ministre en charge de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé.

« Une boulangerie prise d’assaut à Strasbourg car elle serait israélienne, un homme frappé en pleine rue à Lyon parce qu’il portait une étoile de David… L’antisémitisme dans notre pays a tué ces dernières années. Tué parce que les préjugés antisémites les ont désignés comme des cibles. Tué parce que l’antisionisme est devenu le nouveau visage de l’antisémitisme », écrit-elle sur son compte X.

Une altercation devant la boulangerie

Sur les images, il est effectivement possible de voir des policiers positionnés devant la boulangerie Dreher, située au 50, rue des Grandes Arcades, non loin de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Devant eux se tiennent des manifestants tenant des drapeaux palestiniens. Beaucoup filment, nombre d’entre eux scandent « Palestine vivra, Palestine vaincra ». D’estimation faite à partir des vidéos visibles en ligne, plusieurs centaines de personnes sont présentes. Sur d’autres images, semblant avoir été prises le même jour, il est possible de voir une femme frapper un homme devant cette boulangerie. Tous deux sont très vite séparés.

Alors que s’est-il passé ? Comme confirmé par le collectif Strasbourg Palestine sur Instagram et la préfecture, avec qui Le Parisien a pu s’entretenir, une manifestation propalestinienne a bien eu lieu ce samedi dans le centre de Strasbourg.

D’après la présidente du collectif Strasbourg Palestine Leila Sihabi qui affirme avoir vu la scène dans son intégralité, « un homme debout devant la terrasse gesticule et crie ». « Je l’ai vu faire des doigts d’honneur avec les deux mains. Quand une manifestante l’a vue, elle s’est dirigée vers lui et il y a eu un début d’altercation », assure-t-elle. Leila Sihabi affirme ne pas « être là pour inciter à la violence » et ne pas la tolérer dans un sens ou dans l’autre. « À la prochaine manifestation, on sensibilisera et on appellera à ne pas tomber dans la provocation. »

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Écouter

Dans la vidéo de l’altercation, il est possible d’entendre à partir de 50 secondes, Leila Sihabi dire au micro : « Ne répondez pas aux provocations s’il vous plaît. Ces gens-là sont des lâches. Ces gens-là sont des criminels. Ne répondez pas à leurs provocations ». Suivi de « Free Palestine (Palestine libre ou libérez la Palestine) » ou encore « Stop the genocide (arrêtez le génocide) ».

La préfecture dément que la boulangerie ait été visée

Contactée, la préfecture du Bas-Rhin indique que « samedi 12 avril 2025, lors du passage d’une manifestation déclarée pro-palestienne à Strasbourg, des personnes présentes en terrasse de la boulangerie Dreher (qui ne présente « aucune distinction d’appartenance à la communauté juive », selon la préfecture) ont eu un geste de défiance et d’opposition à l’égard des manifestants, suscitant une réaction en retour ». Il s’agissait notamment de doigts d’honneur.

« Les policiers sont intervenus immédiatement en interposition, prévenant ainsi toute violence physique. L’incident a été bref et la manifestation s’est poursuivie sans nouvel incident. » La préfecture dément également « que le commerce en tant que tel ait été visé ». « Les policiers sont intervenus lors d’un incident impliquant des personnes extérieures à la manifestation, présentes devant le commerce, et qui ont eu un geste déplacé à l’égard des manifestants », appuie-t-elle. Aucune plainte n’a été déposée, de même qu’aucune interpellation n’a eu lieu.

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La boulangerie en question, jointe par Le Parisien ce lundi matin, indique également ne pas avoir « été attaquée ». « Ça s’est passé devant chez nous, mais il n’y a pas eu de casse. Nous n’avons pas été attaqués », raconte une salariée. « Tout s’est passé en extérieur le temps de la manifestation. Il n’y a rien eu dans cette boulangerie », ajoute cette employée. Contacté par Le Parisien, l’entourage d’Aurore Bergé n’a pas souhaité faire de commentaire public.