Alors que ce cher Superman s’envole sur grand écran, Netflix joue la contre-programmation. Vous n’aimez pas les super-héros qui sauvent le monde ? Pas de problème, la plateforme de streaming sort la carte du huis clos où tout l’objectif est de sortir. Deux salles, deux ambiances et un seul univers partagé… non, on rigole, on n’est pas dans Cloverfield. Mais avouez que ça aurait surpris tout le monde pour le coup. On digresse.
Bref, Brick est un film allemand réalisé par Philip Koch, scénarisé par Philip Koch, qui avait signé quelques épisodes de la série Tribes of Europa sur le service SVoD en 2021. Ce qui nous a permis d’apprendre qu’il y avait une série Tribes of Europa sur le service SVoD. En tête d’affiche, on retrouve un visage connu des abonnés Netflix en la personne de Matthias Schweighöfer (Army of the Dead, Army of Thieves, Agent Stone, Les Nageuses). Un bon soldat de la plateforme qui partage la lumière du film avec Ruby O. Fee, sa femme à la vie comme ici à l’écran. Un couple qui porte le long-métrage sur leurs épaules. Mais on va y revenir.
© Netflix Le synopsis de Brick
Suite à un drame familial, Tim (Schweighöfer) s’est enfermé dans son travail de développeur de jeu vidéo, délaissant complètement sa femme, Olivia (O. Fee). Cette dernière lui offre une dernière opportunité de sauver leur couple en partant loin, ensemble. Face à l’incapacité de Tim de prendre cette décision, Olivia décide de partir seule.
Sauf qu’au moment de quitter l’appartement, ils s’aperçoivent qu’un étrange mur noir indestructible couvre désormais l’entrée et les fenêtres, rendant toute sortie impossible. Piégés, la seule solution paraît être alors de rejoindre le sous-sol de l’immeuble et pour cela, il va falloir descendre par le plancher avec l’aide d’autres voisins également coincés.
© Netflix Voir Brick ou sortir profiter du beau temps ?
Pour être honnêtes, lorsque Netflix a dévoilé son calendrier du mois de juillet, Brick avait immédiatement attiré notre attention. On ne se refait pas, on aime les films concepts. Alors quand on a l’impression qu’on nous vend un thriller anxiogène entre Cube (pour les anciens qui s’en souviennent) et La Plateforme, peu importe si le film s’éloigne diamétralement de ces deux références, le sujet nous intrigue suffisamment pour qu’on se jette dessus.
Et il faut reconnaître que le long-métrage a de quoi faire valoir quelques droits au chapitre. À commencer par son duo principal. Que l’alchimie entre les deux acteurs est palpable, c’est une évidence avec leur relation personnelle. Surtout, ce sont les deux personnages les mieux écrits du récit. Par leur biais, Brick explore la déconstruction du couple par le prisme du deuil et presque tous les enjeux émotionnels viennent de la relation entre Olivia et Tim.
De même, le film a l’intelligence de connaître ses limites de budget et va jouer avec l’espace et les angles de caméra pour renforcer l’aspect anxiogène de cette prison. Notamment, lorsque ceux qui étaient jusqu’alors des voisins anonymes ramènent leurs propres peurs, leurs propres failles, dans la dynamique de groupe. On a du mystère, des drames, des enjeux humains, soit toute la matière pour donner quelque chose de stressant voire un discours métaphysique sur l’humanité.
© Netflix
Le souci, c’est que tout ceci reste incroyablement sous-exploité. Le scénariste-réalisateur a les armes narratives, mais très peu d’idées de comment s’en servir. Plus les minutes défilent, plus tout semble facile, évident, non pas tant sur la clé de l’énigme, mais sur le déroulé des événements. Le reste de la distribution oscille entre le cliché prévisible et le personnage-fonction. Mention spéciale à notre complotiste qui aurait pu jouer à être un bon ressort scénaristique s’il ne surjouait pas autant le méchant de service dès la première minute. De sorte que des situations sont provoquées certes par son action, mais surtout par l’improbable naïveté de son auditoire.
Le film avance et ce qui ressemblait à un bon concept d’origine se transforme petit à petit en festival de superficialité où l’on nous suppliera de rester incrédules jusqu’au bout. Non pas parce qu’on sera tendus sur notre canapé, mais parce que sans ça, le long-métrage promet de s’écrouler bien avant sa fin.
En parlant de fin, sans rien révéler ce qu’il s’y passe, on ne peut nier qu’il s’agit de la cerise sur le gâteau de l’encéphalogramme plat avec une résolution qui ne suscite strictement aucun frisson. Brick, c’est un projet avec du potentiel qui n’a finalement aucune idée de quoi faire de ce potentiel une fois son intrigue démarrée. Il n’y a qu’à voir la mise en scène qui filmera de la même manière l’action et le repos, l’inquiétude et le rebondissement.
Jamais assez surprenant, jamais assez intriguant, jamais assez dramatique, jamais assez amusant… On regrette presque que Brick ne soit pas sorti pendant le confinement ; l’actualité lui aurait peut-être permis d’ajouter une dimension empathique supplémentaire. Car en l’état… on l’a déjà oublié.
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