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« Tadej Pogacar est au-dessus, mais… »
Bonjour Bernard. Vous êtes venu sur le Tour, on était récemment sur les terres d’un autre Bernard (Hinault), à Saint-Malo. On est encore loin de vos terres, mais déjà : vos impressions sur cette première semaine ?
Ce que je retiens, c’est que ce Tour est parti très fort. Et surtout, les principaux favoris croisent déjà le fer depuis le premier jour. C’est assez rare dans un Grand Tour qui dure trois semaines. Habituellement, la première semaine est plutôt une phase d’observation, même si on ne peut pas dire que ce soit une promenade. Mais là, on sent un engagement immédiat et constant depuis le départ, dans pratiquement toutes les étapes.
Y a-t-il un coureur qui vous semble au-dessus du lot ?
Oui, Pogacar est au-dessus, c’est évident. Mais il ne domine pas outrageusement. Il y a encore de l’espoir pour la suite, car les écarts ne sont pas encore si importants. On n’a pas encore franchi un seul col ! Quand les vraies ascensions arriveront, ça va bouger. Et ça pourrait même redéfinir la hiérarchie actuelle. On dit souvent que la vérité de la première semaine du Tour n’est pas celle de la troisième, et c’est bien vrai.
Justement, beaucoup doutent de Jonas Vingegaard. Il dit pourtant garder confiance. Et vous, Bernard Thévenet, vous y croyez ?
Sur ce qu’il a montré au Mûr-de-Bretagne, oui. Il n’était finalement pas si loin de Pogacar. Je suis content qu’il y croie encore, parce que s’il avait perdu confiance, son Tour serait déjà terminé. Et puis, ce n’est pas un espoir déraisonnable. C’est un espoir solide. Tant qu’il y croit, tout est possible.
« Paul Seixas ? Il ne faut pas brûler les étapes »
Parlons des Français. On attend toujours un exploit. Vous attendiez-vous à la « Vauquelinmania » sur ce Tour 2025 ?
Non, pas vraiment. Mais Vauquelin a déjà montré de belles choses. Il était présent l’an passé, peut-être pas sur trois semaines, mais il a été là. Et cette année, il a encore progressé. J’espère qu’il va continuer à monter en puissance pendant deux ou trois ans. On a de très bons coureurs français aujourd’hui, mais on attend toujours ce fameux exploit dans le Tour.
Quels autres noms suivez-vous ?
Paul Magnier n’est pas là, mais il a gagné des courses au sprint en Belgique et aux Pays-Bas. Romain Grégoire a fait un bon début de Tour. Lenny Martinez est un peu en dents de scie, mais je pense qu’il peut gagner une étape avant Paris. On a de bons éléments, et surtout, on recommence à croire au cyclisme français. C’est ça, le plus important.
Un autre nom fait parler : Paul Sexas. Il manque à l’appel cette année ?
Oui, mais il ne faut pas brûler les étapes. Il a 18 ans. Il est encore loin du haut niveau, mais il a quatre ans pour y arriver. Et j’y crois. Je pense que d’ici là, il pourra jouer le podium du Tour.
« J’en suis à mon 53e Tour de France, comme Cyrille Guimard »
Une blessure cet hiver, comment allez-vous aujourd’hui ?
Tout va bien, merci. J’ai eu une mauvaise chute dans un escalier, j’ai raté une marche et me suis fait six fractures au pied. Mais j’ai été bien soigné, ça se remet doucement. Ce n’est pas encore parfait, parce que l’âge joue aussi, paraît-il (sourire). Mais la guérison suit son cours.
Et les Tours de France, vous les comptez toujours ?
C’est drôle que vous posiez la question, car j’en suis à mon 53e Tour de France, comme Cyrille Guimard ! On est à égalité. Et ce n’est pas fini, j’espère. J’ai toujours le même enthousiasme. Sur la course bien sûr, mais aussi en dehors. Quand on voit la ferveur du public, l’engouement, on se dit que le cyclisme a encore de très beaux jours devant lui.
Tour de France – Classement général provisoire après la 7è étape