- 🌿 Matériau vivant : développé par des chercheurs suisses, il capture le CO₂ grâce aux cyanobactéries.
- 🧬 Cyanobactéries : ces algues bleu-vert transforment le carbone en minéraux solides, renforçant la structure.
- 🏢 Hydrogel imprimable en 3D : conçu pour optimiser la photosynthèse et la survie des cyanobactéries.
- 🌍 Impact environnemental : processus naturel et économe en énergie, visant à transformer les bâtiments en acteurs climatiques actifs.
Le changement climatique impose des défis sans précédent à notre société, nécessitant des solutions innovantes et audacieuses. Parmi celles-ci, l’utilisation de matériaux « vivants » capables de capturer le dioxyde de carbone (CO₂) directement dans l’atmosphère se place en tête de liste. Des chercheurs suisses de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) ont mis au point un matériau révolutionnaire intégrant des cyanobactéries, ouvrant la voie à des bâtiments non seulement autonomes mais aussi actifs dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce développement met en lumière le potentiel immense de la biotechnologie pour transformer notre environnement bâti en un acteur clé de la séquestration du carbone.
Cyanobactéries : des alliées millénaires
Les cyanobactéries, souvent appelées algues bleu-vert, sont parmi les plus anciennes formes de vie sur notre planète. Présentes depuis plus de trois milliards d’années, elles ont survécu grâce à leur capacité à effectuer la photosynthèse, un processus complexe qui utilise la lumière solaire pour transformer l’eau et le CO₂ en oxygène et en sucres. Ce qui rend ces organismes particulièrement fascinants pour les scientifiques, c’est leur aptitude à convertir le carbone non seulement en biomasse mais aussi en minéraux solides, similaires au calcaire. Cette double capacité offre un avantage considérable : alors que la biomasse atteint rapidement un plafond de croissance, la minéralisation fournit une solution durable en fixant le carbone dans une structure solide et stable. En utilisant ces propriétés, les chercheurs ont pu créer un matériau qui non seulement capte le CO₂ mais le stocke également de manière permanente, renforçant ainsi la structure du matériau.
Un hydrogel imprimable en 3D, un habitat idéal
Au cœur de cette innovation se trouve un hydrogel, une substance gélatineuse riche en eau, spécialement conçue pour abriter les cyanobactéries. Grâce à l’avancée de l’impression 3D, ce gel peut être fabriqué de manière à optimiser la pénétration de la lumière, de l’eau et du CO₂, trois éléments essentiels à la survie et à l’activité des cyanobactéries. Le matériau ainsi obtenu est à la fois flexible et robuste, ayant été testé avec succès sur une période de 400 jours consécutifs. Durant cette période, il a démontré une capacité impressionnante à séquestrer environ 26 milligrammes de CO₂ par gramme, surpassant largement les autres méthodes biologiques de capture de carbone. Cette performance exceptionnelle ouvre la porte à l’utilisation d’un tel matériau dans de nombreuses applications, notamment en tant que revêtement pour les bâtiments, permettant à ceux-ci d’agir comme des « poumons » urbains, absorbant le CO₂ de l’air ambiant.
Vers des bâtiments qui respirent le carbone
Imaginez un avenir où les façades des immeubles ne seraient plus simplement décoratives mais joueraient un rôle actif dans la régulation du climat. C’est précisément ce que visent les chercheurs avec leur matériau vivant. Lors d’une exposition d’architecture à Venise, des prototypes en forme de troncs d’arbre ont été présentés, chacun capable d’absorber jusqu’à 18 kilogrammes de CO₂ par an. Cette capacité est comparable à celle d’un pin de 20 ans, soulignant le potentiel énorme de cette technologie pour la construction durable. En plus de son aptitude à capter le carbone, ce matériau gagne en résistance mécanique au fil du temps grâce au processus de minéralisation, ce qui le rend encore plus attractif pour une utilisation dans le secteur de la construction. Cette avancée représente une solution prometteuse pour transformer nos villes en véritables acteurs de la lutte contre le changement climatique.
Un futur prometteur grâce à la biotechnologie
La nature inspire depuis toujours les innovations humaines, et ce matériau vivant en est un parfait exemple. Les chercheurs envisagent d’améliorer encore ses performances par la modification génétique des cyanobactéries. En augmentant leur capacité photosynthétique, il serait possible d’accélérer la capture de carbone, maximisant ainsi l’efficacité du matériau. Un autre aspect important de cette recherche est la nécessité de fournir des nutriments adéquats aux cyanobactéries. Bien que l’étude actuelle ait utilisé de l’eau de mer artificielle, les chercheurs cherchent à intégrer ces nutriments directement dans le matériau pour qu’il soit capable de fonctionner efficacement dans des conditions réelles, comme sur la façade d’un bâtiment. Cette approche pourrait révolutionner la manière dont nous envisageons la construction et la gestion de nos infrastructures urbaines.
Ce matériau vivant, économe en énergie et respectueux de l’environnement, incarne une avancée significative vers des solutions écologiques pour la construction urbaine. Contrairement aux méthodes industrielles de capture de carbone, souvent énergivores, cette approche mise sur des processus naturels alimentés par la lumière solaire. À mesure que nous explorons ces nouvelles possibilités, nous devons nous interroger : comment ces innovations transformeront-elles notre approche de la construction et de l’urbanisme dans les années à venir ?
Cet article s’appuie sur des sources vérifiées et l’assistance de technologies éditoriales.
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