l’essentiel
À Foix, vendredi 11 juillet 2025, une vingtaine d’éleveurs ont exprimé leur solidarité envers François, dont le troupeau de brebis a été gravement affecté par la fièvre catarrhale ovine (FCO). Cet éleveur à Alzen, en Ariège, s’est retrouvé privé d’indemnisation malgré la perte d’un tiers de son cheptel.

Le bras de fer continue. Ce vendredi 11 juillet 2025, ils étaient une vingtaine d’éleveurs, regroupés en cercle près du parc de la Passéjade, à Foix, jour de marché. Peu enclins à s’exposer, ils ont pourtant décidé de prendre la parole, mégaphone en main, pour exprimer leur soutien à François. Cet éleveur de brebis de 48 ans à Alzen, en Ariège, a vu une bonne partie de son bétail décimé par la fièvre catarrhale ovine (FCO).

« Il y a eu 36 morts en trois semaines au pic de l’épidémie en août dernier », témoigne-t-il. Pourtant, sa demande d’indemnisation a été rejetée par les services de l’État, faute de pouvoir fournir la « preuve » administrative exigée. « J’ai tous les justificatifs de l’enlèvement des cadavres sur les trois semaines où ça s’est déroulé, mais je n’ai pas fait de PCR, un test qui prouve que le virus était présent dans le troupeau. »

Dans les rues, les réactions sont contrastées. Des passants s’arrêtent, écoutent. Une commerçante fronce les sourcils : "On ne comprend pas ce que vous dites, ça ne sert à rien."

Dans les rues, les réactions sont contrastées. Des passants s’arrêtent, écoutent. Une commerçante fronce les sourcils : « On ne comprend pas ce que vous dites, ça ne sert à rien. »
DDM – CR

Sa ferme n’a donc pas été reconnue comme impactée par la FCO, malgré un bon d’équarrissage attestant de la disparition d’un tiers de son cheptel en un temps très court. « Comment peut-on perdre autant de brebis en trois semaines autrement que par cette maladie ? », s’interroge-t-il. Œdèmes, cyanose des muqueuses… tous les signes cliniques étaient présents.

« Quand on vit un carnage, ça ne vous vient pas à l’idée de vous dire : ah tiens, je vais me munir d’un justificatif pour me faire rembourser ! », lâche-t-il, amer. D’autant plus, ajoute-t-il, que les informations sur les démarches à suivre sont arrivées bien trop tardivement. À ses côtés, un autre éleveur, indemnisé sans disposer de bon d’équarrissage, dénonce l’arbitraire des critères. « On a le droit à une erreur, c’est la même chose quand on remplit ses impôts, estime-t-il. C’est totalement injuste ».

« On ne peut plus se contenter de réponses bureaucratiques »

Ce sentiment d’injustice, les éleveurs ont décidé de l’exprimer haut et fort. Tour à tour, ils prennent le mégaphone et entament une déambulation dans les rues de Foix. Devant la direction départementale des territoires (DDT), une éleveuse interpelle : « On demande à être reçus en urgence. » Mais personne ne sort. « On ne peut plus se contenter de réponses bureaucratiques », insiste Karine, qui estime ne percevoir aucun soutien. Elle rappelle qu’en 2008, la FCO avait déjà frappé durement. « Qu’est-ce qui a été fait depuis ? Il n’y a pas eu plus d’enquêtes, d’études épidémiologiques… aucune transmission d’informations aux éleveurs. »

"On demande à être reçus en urgence", crie une éleveuse au mégaphone, mais personne ne sort…

« On demande à être reçus en urgence », crie une éleveuse au mégaphone, mais personne ne sort…
DDM – CR

Lorsque la maladie a refait surface l’an dernier, les exploitants se sont retrouvés tout aussi démunis. « Il y a au moins quatre variants hyperactifs. Le gouvernement a décidé, pour calmer les choses, de commander et de fournir des vaccins gratuits sur au moins deux d’entre eux, mais ils ne seront disponibles qu’à la mi-juillet. En matière de retard, si on veut être cynique, c’est totalement ridicule ce qu’ils font à François », dénonce-t-elle.

Dans les rues, les réactions sont contrastées. Des passants s’arrêtent, écoutent. Une commerçante fronce les sourcils : « On ne comprend pas ce que vous dites, ça ne sert à rien. » D’autres manifestent leur agacement face au volume sonore… Peu importent les avis et malgré la difficulté d’être écouté ce vendredi, François ne baissera pas les bras.

De son côté, la préfecture campe sur ses positions : « Pour les éleveurs n’ayant pas pu produire l’attestation de statut de foyer, il n’est pas possible, par souci d’équité et afin d’assurer la correcte justification de la défense budgétaire, de donner une suite favorable à leur demande. » Une information, poursuit la préfecture, à plusieurs reprises portée à la connaissance des éleveurs, par le groupement sanitaire départemental (GDS), l’État ou encore les organisations professionnelles agricoles.

Pour rappel, en Ariège, 2 millions d’euros vont être versés à plus de 250 éleveurs pour les indemniser des dégâts causés par la FCO dans leurs cheptels.