Ému pendant les hymnes, lucide sur son carton jaune, Beauden Barrett revient sur la performance des All Blacks face aux Bleus, le bond en attaque depuis Dunedin et salue le talent de son jeune partenaire Cameron Roigard, qu’il compare à Antoine Dupont.

Vous avez semblé particulièrement ému samedi soir, pendant les hymnes. Pour quelle raison ?

Vous avez remarqué ? (Il suspend sa phrase) Oui, c’est toujours un moment émouvant pour moi. À 34 ans, je ne sais jamais quand surviendra mon dernier match et avoir mes frères à mes côtés dans ces moments-là rend cela encore plus intense. C’était très fort, oui…

En première période, l’arbitre, Christophe Ridley, vous a sanctionné d’un carton jaune pour un en-avant qu’il jugeait délibéré. L’était-il vraiment ?

Oh non, pas du tout. Cela n’avait rien d’intentionnel. À mon sens, c’était juste une réaction. En réalité, je n’ai même pas eu le temps de penser à comment j’allais intercepter le ballon. Sur ce coup-là, j’étais plutôt prêt à faire un plaquage.

Samedi soir, l’attaque néo-zélandaise fut plus efficiente qu’à Dunedin, une semaine plus tôt. Comment l’expliquez-vous ?

Dans le rugby international, les défenses sont de plus en plus agressives et celle de l’équipe de France ne fait évidemment pas exception. Dès lors, nous avons tenté à Wellington de nous inspirer du rugby à 13, où la ligne prend de plus en plus de profondeur pour réaliser ses mouvements. Au Sky Stadium, cela a bien fonctionné et nous avons marqué de beaux essais : j’ai d’ailleurs eu l’impression que c’était un beau match, de façon globale. Il faut poursuivre dans cette voie et accélérer encore, lors du troisième test de Hamilton.

Est-ce que l’équipe de France s’étant présentée face à vous la semaine dernière, à Dunedin, était meilleure que celle-ci ?

Je ne sais pas. Que pensez-vous, vous ? En termes de performance, je pense que de notre côté, nous avons en tout cas été meilleurs qu’à Dunedin. Nous avons commencé le match sur un bien meilleur tempo et derrière ça, nous avons toujours réussi à maintenir la pression sur nos adversaires. Au fil des matchs, nous montons en puissance et c’est gratifiant. Nous restons malgré tout sur nos gardes car ces jeunes Français représentent un vrai défi pour nous : en deuxième période, ils nous ont fait reculer.

La combinaison que vous formez à la charnière avec Cameron Roigard, le demi de mêlée des Hurricanes, est de plus en plus performante. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?

J’aime la sensibilité et l’instinct de Cameron Roigard, sur le terrain. Il est très rapide et créatif, autour des rucks : en ce sens, il y a du Antoine Dupont en lui. Et puis, Cameron a très bien joué au pied, à Wellington. Il a mis le triangle du fond français sous pression. Mais lui comme moi avons évidemment profité du très bon travail de nos avants pour nous libérer de l’espace et du temps.