Le gros sujet de Canopia, cet ensemble immobilier qui mixe activités, bureaux, hôtels et logements pour étudiants, reste le travail de réemploi des pierres opéré, depuis novembre 2023, par l’entreprise girondine TMH, spécialisée dans la restauration de monuments historiques et de patrimoine ancien. Dans le projet – conçu par l’architecte Edouard François – Apsys a prévu de garder des façades en place – actuellement contreventées ou maintenues avec des pieux – ; il en construira d’autres avec les pierres de taille réemployées et enfin, les dernières, issues de la réinterprétation de l’architecture bordelaise, seront construites avec des matériaux neufs. Les essais pour réaliser les façades en pierres réemployées vont démarrer le mois prochain au sein du CSTB. Une fois les process validés, TMH pourra remonter les façades qu’elle a déposées. L’objectif étant de réaliser une extension du centre-ville, en donnant l’impression que le quartier a toujours existé.
Si les façades bordelaises sont réinterprétées, les gabarits des bâtiments et la largeur du futur cours Saint-Jean correspondent à ceux du cours Alsace-Lorraine. Lors de la cérémonie de la pose de la première pierre, Maurice Bansay, le président fondateur d’Apsys, a déclaré que « ce quartier sera un succès si les visiteurs ont le sentiment qu’il a toujours existé ». © Apsys / Vincent Desmet
Un chantier en « top and down »
Pour répondre aux délais – auxquels l’investisseur tient, car il a annoncé vendredi l’ouverture à l’automne 2027 –, le groupement constitué de GCC (mandataire) et Demathieu Bard a notamment prévu d’avoir recours à la technique du « top and down ». « Sur l’îlot Descas, nous construisons la superstructure et l’infrastructure en même temps : les entreprises vont réaliser les parois moulées du parking de 630 places, elles vont ensuite couler une dalle pour que les travaux du bâtiment puissent démarrer, ils creuseront et réaliseront les quatre sous-sols du parking, au fur et à mesure », détaille Mathieu Chatenet, architecte associé de la Maison Edouard François. « Cette méthode, demandée par le client, va nous faire gagner six mois », ajoute Patrick Dubourg, directeur général adjoint de GCC. Onze grues – dix vont cohabiter – s’installeront sur le chantier de ces deux premiers îlots ; le troisième – Les Terrasses –, plus modeste et dont l’appel d’offres est en cours, ne débutera qu’en fin d’année, voire début 2026.
À LIRE AUSSI
Bordeaux : Canopia ajoute ses pierres à l’édifice urbain
Faire du froid avec du chaud
La directrice générale de l’EPA Bordeaux Euratlantique, Valérie Lasek, a reconnu lors de la cérémonie que Canopia était la pièce manquante de la partie bordelaise de l’EPA et que ce dernier secteur aurait été difficile à aménager sans Apsys et ses 500 millions d’euros d’investissement. C’est également l’occasion pour l’EPA de tester un nouveau dispositif de rafraîchissement grâce à l’eau de la Garonne. Le réseau de chaleur qui alimente Bordeaux va ainsi devenir réseau de froid, grâce à un échange thermique avec l’eau du fleuve. Une innovation développée par Mixener, filiale de Bordeaux Métropole Energies et de la société Idex.
Edouard François, architecte ; Christine Bost, présidente de la métropole ; Maurice Bansay, président fondateur d’Apsys ; Pierre Hurmic, maire de Bordeaux ; Aurore Le Bonnec, secrétaire générale de la préfecture de Gironde ; et Valérie Lasek, directrice générale de l’EPA Bordeaux Euratlantique. © Max Dubois
Pour l’heure, ce quartier – qui a eu du mal à se faire une place dans l’esprit du maire de Bordeaux – semble cocher toutes les cases. Il vise même le Breeam Communities niveau excellent, une certification à l’échelle du quartier. « C’est presque une certification d’aménageur, précise Simon Brouck, directeur de projet chez Apsys, c’est inédit en France. Elle valide la végétalisation, les îlots de fraîcheur, les qualités d’usage des bâtiments et des espaces publics… constitutifs de l’échelle urbaine. » La Banque des territoires, soucieuse de l’aménagement durable des opérations qu’elle accompagne, s’est assurée que cette ambition se retrouve au niveau de chaque opération. Elle s’est engagée dans ce projet à hauteur de 70 millions d’euros.
À LIRE AUSSI
Entrées de ville (3/5) : de Saint-Etienne à Bordeaux, Apsys change de braquet