Il y a un mois et demi, Luca Marini se blessait gravement dans une chute à Suzuka, où il réalisait des essais d’endurance. Le bilan listait un pneumothorax, une luxation de la hanche gauche, des lésions ligamentaires au genou gauche, ainsi que des fractures au sternum et à la clavicule gauche. On aurait pu le croire écarté pour plusieurs mois, et pourtant le pilote Honda a fait son retour à la compétition ce week-end, et il l’a fait avec brio.

Pour le premier Grand Prix qu’il disputait depuis cet accident, et alors qu’il expliquait être à environ 80% de ses capacités, Marini a doucement intensifié son effort au fil des séances, avec des runs de sept tours consécutifs vendredi, huit tours samedi matin, puis le sprint de 15 tours et enfin la course qui en comptait 30. Ne pouvant pas enchaîner beaucoup de boucles, il a dû prendre ses décisions en peu de temps pour régler la moto et évaluer les pneus, mais physiquement, il a tenu et n’a manqué aucun des essais.

Avec l’aide des kinés et d’antidouleurs, dont il également augmenté le dosage au fil des jours, le pilote montre qu’il a su s’écouter pour livrer l’effort nécessaire jusqu’à disputer l’intégralité de la course. Et c’est une belle prouesse qu’il a réalisée durant 41 minutes, livrant sa plus belle bataille de la saison pour aller accrocher son meilleur résultat avec Honda, une sixième place. Un classement qu’il devait, certes, aux chutes survenues devant lui mais aussi à la résistance admirable dont il a fait preuve.

« Ça a été une très bonne course », se félicite Luca Marini. « Compte tenu de mon état, ça a été très difficile, mais j’ai réussi à prendre un bon départ et à me mettre tout de suite dans une très bonne position. Au début, j’ai essayé de prendre mon rythme, mais on n’est pas encore assez efficaces en pneus neufs et j’ai subi quelques dépassements. Puis, à partir du septième tour, j’ai commencé à être fatigué. »

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Des crampes et un bras gauche manquant de force

La douleur s’est alors réveillée et Marini a souffert de crampes. C’est la raison pour laquelle on l’a parfois vu prendre des positions incongrues. « J’avais beaucoup de crampes dans le dos et dans la jambe [droite], donc j’essayais de trouver la meilleure position pour me détendre un peu. J’avais assez mal dans ces moments-là. »

Dans quelle partie du circuit était-il le plus en difficulté physiquement ? « Dans les virages 5-6 et 9-10, où on passe un long moment dans la même position. Je n’arrivais pas à me tenir avec le bras gauche, du coup je poussais du pied gauche sur le repose-pied, mais si je poussais trop, je perdais l’arrière parce qu’il n’y avait pas assez d’adhérence au sol. »

Luca Marini, Honda HRC

Luca Marini, Honda HRC

Photo de: Alexander Trienitz

« Donc je perdais beaucoup l’arrière et j’ai commencé à avoir beaucoup de crampes, j’ai dû ralentir un peu par moments. J’ai essayé de tout le temps changer de position, de m’asseoir plus ou de me relaxer un peu sur le réservoir. Mais ça n’est pas facile quand il n’y a pas de grip au sol parce que la moto est tout le temps flottante, elle glisse énormément et il faut en permanence la tenir. C’était le cas pour tout le monde, mais dans mon état c’était encore plus compliqué. »

Finalement, ces difficultés l’ont en quelque sorte servi sur la durée, puisqu’il a pu compter sur des gommes plus performantes en fin de course. Alors qu’il était une proie facile dans les dépassements du début de course par manque de solidité dans les freinages, il a eu le dessus quand les pneus se sont usés. C’est là qu’on l’a vu livrer une superbe bagarre dans le peloton et prendre l’avantage sur Brad Binder et Jack Miller, après voir déjà réussi à dépasser son coéquipier Joan Mir précédemment.

« D’un point de vue musculaire, j’ai commencé à avoir du mal, donc je me suis dit que j’allais gérer les pneus et mon physique pour arriver au bout. Quand les pneus se sont dégradés, il m’en restait un peu plus que les autres [à l’arrière], alors j’ai réussi à faire quelques dépassements et à remonter, puis avec les nombreuses chutes qu’il y a eu, j’ai obtenu un très bon résultat. J’ai eu pas mal de chance, comme les autres qui sont restés sur leurs roues, mais on a aussi réussi à ne pas faire d’erreur alors qu’il était très facile d’en faire. Vers la mi-course, le pneu avant s’est beaucoup dégradé et on ne pouvait plus freiner très fort. »

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« Je suis très content, c’est clair. Sixième, ça fait beaucoup de points pour le championnat. Dans notre position, ça fait une différence », se réjouit Marini, qui passe au 15e rang du classement général. « Et je suis content de l’ensemble du week-end, y compris sur le mouillé. […] La moto s’est améliorée avec moi au fil du week-end. J’ai très bien économisé mes forces pendant le week-end. Vendredi, j’ai fait peu de tours, je l’ai fait exprès pour essayer d’arriver à dimanche en étant préparé. Et on a aussi fait du très bon travail avec [Quirónsalud] : je dois les remercier parce qu’ils ont fait en sorte que je reste tout le temps en forme physiquement. »

« J’ai réussi à bien gérer les antidouleurs, pour prendre les bonnes doses dimanche afin de ne pas trop sentir la douleur. Mais j’ai quand même eu pas mal de crampes au niveau musculaire, surtout parce que je devais compenser le peu de forces que j’ai dans le bras gauche alors que c’est un circuit qui tourne à gauche. Maintenant je vais avoir 36 ou 48 heures de travail purement orienté sur le fait de récupérer pour revenir à Brno en étant un peu plus en forme. »

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