Les Européens ont, paraît-il, été surpris. Comment l’être après six mois de présidence Trump ? Ils nous ont habitués à tout et n’importe quoi, surtout à n’importe quoi d’ailleurs. Mais les négociations en coulisses sur les droits de douane incitaient à l’optimisme. Le président américain n’allait pas mettre à exécution sa menace de surtaxes généralisées sur tous les produits fabriqués de ce côté de l’Atlantique (en plus des taxes déjà décidées sur le secteur de l’acier et l’aluminium, par exemple). Sauf que finalement si. Et ce dès le 1er août.
Les quinze jours qui viennent promettent donc d’être très longs pour tout ce que la galaxie européenne compte de responsables politiques, de diplomates et d’acteurs économiques dont l’activité est suspendue aux foucades trumpistes. La décision du président américain, s’il ne change pas une énième fois son fusil d’épaule, est évidemment une folie. Ses effets sur l’économie européenne seront dévastateurs. Le secteur automobile allemand, l’agroalimentaire italien, les spiritueux ou le luxe français pour ne citer que quelques exemples sont en première ligne. Mais les conséquences de ce délire protectionniste ne seront pas qu’économiques. Les Européens ont redit ce lundi qu’ils entendaient continuer de discuter jusqu’au bout pour éviter le pire. Ils ont raison. Mais à une condition : que les menaces de taxer en retour des produits made in US, brandies parallèlement à cette volonté de dialogue, ne soient pas de simples mots en l’air. Sauf à vouloir tendre la joue gauche après avoir pris une bonne droite.
Le problème est qu’il existe parmi les pays membres de l’UE autant de nuances de riposte que d’intérêts économiques nationaux. Il leur faut pourtant d’ici le 1er août parler d’une seule voix. La solidité de l’unité européenne est régulièrement mise au défi. Mais comme l’économie constitue depuis les origines la raison d’être principale de l’UE, le piège tendu par Trump est plus que redoutable.