Ce projet porté par un fonds d’investissement parisien promet de redonner vie à cet espace emblématique du patrimoine stéphanois. Le fonds Chevrillon, créé il y a trois décennies dans la capitale, affiche des ambitions importantes pour Saint-Étienne. Cette structure financière, qui revendique un actif net d’environ 500 millions d’euros, s’appuie sur le capital des familles Chevrillon et Besançon-Trébouta, cette dernière étant notamment liée à l’histoire des Laboratoires Delagrange et désormais actionnaire du géant pharmaceutique Sanofi.

L’investisseur mise sur le concept développé par La Commune, société lyonnaise fondée en 2018 dont il détient la majorité des parts aux côtés de trois entrepreneurs : Damien Beaufils, Déborah Hirigoyen et Damien Doublet.

Un modèle lyonnais qui fait ses preuves

Dans le 7e arrondissement de Lyon, La Commune a démontré la viabilité de son approche en générant 5,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Matthieu Bertapelle, directeur général de l’entreprise, revendique la rentabilité de cette activité et exprime son enthousiasme à l’idée d’investir les halles stéphanoises, qu’il considère comme un lieu chargé d’histoire pour les habitants de la région.

Ce nouveau projet prend la suite de l’expérience Biltoki, qui avait dû cesser ses activités en mars dernier. Ce concept de halles gourmandes associant producteurs locaux et restauration n’avait pas trouvé son public, laissant vacant cet espace stratégique du centre-ville. L’architecte stéphanois Christian Jacquemet a été sélectionné pour mener les travaux de réhabilitation intérieure et d’aménagement. Ce chantier, budgété à 1,6 million d’euros, se déroulera entre septembre et décembre prochains pour permettre une ouverture en janvier 2026.

Un concept d’incubation gastronomique

Le modèle économique de La Commune repose sur la location d’espaces de restauration entièrement équipés à des chefs entrepreneurs. Huit cuisines opérationnelles seront proposées via des contrats précaires de six mois renouvelables, permettant aux restaurateurs de tester leur concept sans investissement initial lourd.

La société prend en charge l’ensemble des charges de fonctionnement du site et se rémunère par une commission dégressive sur le chiffre d’affaires, oscillant entre 30 et 40% selon la performance de chaque établissement.

Les candidats ciblés correspondent généralement à d’anciens salariés de la restauration souhaitant créer leur propre affaire, ou à des entrepreneurs passionnés de gastronomie possédant les bases du commerce. Les professionnels n’auront qu’à apporter leur personnel et leurs ustensiles spécialisés, tous les autres équipements étant fournis.

Un lieu de vie culturel

Au-delà de la dimension purement gastronomique, le projet ambitionne de créer un véritable lieu de vie culturelle. Un grand bar central, géré directement par La Commune, constituera le cœur de l’animation avec une programmation variée : concerts, sessions de DJ, expositions, ateliers et représentations théâtrales.

L’établissement fonctionnera de midi à minuit, offrant une amplitude horaire large pour toucher différents publics tout au long de la journée. La possibilité de privatiser partiellement ou totalement l’espace constitue une troisième source de revenus pour l’exploitant.

Un soutien municipal affiché

Jérôme Nuiry, président du promoteur ligérien Inovy qui a négocié le bail commercial, se dit rassuré par le professionnalisme de La Commune et particulièrement séduit par la dimension culturelle du projet. Ce nouveau chapitre des Halles Mazerat s’annonce donc comme une renaissance prometteuse pour cet espace patrimonial, qui retrouvera sa vocation de lieu d’échanges et de convivialité au cœur de Saint-Étienne.