Aux abords de l’aéroport de Chisinau, des passagers fatigués se regroupent devant une file de bus blancs. Andriy Kolomiyets vient d’atterrir depuis Tbilissi et s’apprête à rejoindre l’Ukraine par la route. «C’est mon premier jour de liberté», confie le jeune homme, qui peine pourtant à se réjouir. Cet Ukrainien de 32 ans a été arrêté en Russie en 2016 après avoir participé à la révolution de Maïdan. A l’issue de sa peine purgée dans la prison de Krasnodar, il a été placé dans un centre de rétention provisoire puis déporté à la frontière russo-géorgienne, où il est resté bloqué plusieurs jours avant d’être conduit à l’aéroport.

Sur son téléphone, Andriy fait défiler des vidéos enregistrées dans le sous-sol du poste-frontière de Verkhni Lars. Les images montrent des dizaines d’hommes, la plupart des anciens prisonniers ukrainiens, maintenus dans une cave encombrée et sans fenêtres, aux murs inachevés. Ce lieu de détention informel, géré par la police des frontières géorgienne, échappe à tout contrôle juridique. «C’est humide, il n’y a aucune ventilation. Pas d’endroit adéquat pour se laver. Durant les dix ans que j’ai passés en Russie, je n’ai jamais vécu dans de telles co