Ray Kurzweil,
informaticien et futurologue américain de renom, ne mâche pas ses
mots : selon lui, l’humanité est en route pour un
tournant historique majeur, la fameuse « singularité technologique
», qui devrait se produire d’ici 2045, soit dans moins de 20 ans.
Cette singularité correspond à un moment où l’intelligence
artificielle (IA) dépassera celle des humains, entraînant une
fusion inédite entre l’Homme et la machine. Une perspective qui
bouleverse nos idées sur ce que signifie être humain.

La singularité : une révolution
imminente ?

La singularité, ce concept un
peu mystérieux, désigne ce point où les progrès technologiques
s’emballent, portés par des machines capables d’améliorer leur
propre intelligence à un rythme exponentiel. Pour Kurzweil, ce
moment ne sera pas une simple évolution : ce sera une rupture
radicale, où la machine et l’humain fusionneront pour devenir une
entité nouvelle, amplifiée, hybridée.

Dès 1999, il avait anticipé
que l’intelligence artificielle générale (AGI), capable de
raisonner comme un humain, serait atteinte lorsque les ordinateurs
pourront réaliser mille milliards de calculs par seconde. À
l’époque, ses prédictions semblaient très optimistes, mais avec
l’essor fulgurant de l’IA ces dernières années, cette échéance
paraît de plus en plus plausible.

L’intelligence artificielle
générale : le Graal de la tech

L’AGI est ce que cherchent à
créer de nombreux laboratoires aujourd’hui : une intelligence
universelle, capable de s’adapter et d’apprendre sur tous les
sujets, et pas seulement sur des tâches spécifiques. Alors que
certains experts prévoyaient que cela prendrait un siècle, Kurzweil
soutient que cette étape cruciale est imminente, probablement
atteinte dès 2029.

Cette avancée ouvrirait la
porte à une révolution où humains et machines coopèreraient
étroitement, voire se fondraient ensemble.

Fusion homme-machine : le
futur de l’intelligence augmentée

Mais Kurzweil va plus loin. Il
imagine que d’ici 2045, des nanorobots
injectés dans nos capillaires sanguins permettront d’interfacer
directement notre cerveau aux ordinateurs. Ce lien amplifierait
notre intelligence naturelle par une intelligence cybernétique,
multipliée par un facteur un million.

Concrètement, cela signifie
que nous ne serions plus de simples humains biologiques, mais des
êtres hybrides, dont la conscience serait décuplée. Une idée qui
sort d’un roman de science-fiction, mais que certains chercheurs et
philosophes prennent très au sérieux, estimant qu’une telle fusion
a déjà commencé.

singularité

Crédit :
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Crédits : metamorworks/istockImmortalité, travail,
identité : les questions du futur

Une telle évolution pose de
nombreuses interrogations : que deviendront nos emplois face à des
intelligences supérieures ? Peut-on imaginer vivre éternellement
grâce à la technologie ? Et surtout, quelle sera la définition même
de l’humain, quand notre intelligence sera à la fois biologique et
artificielle ?

Kurzweil est optimiste. Il
prédit que les progrès médicaux liés à cette fusion permettront
d’atteindre une « vitesse de libération de la longévité » dans les
années 2030 : un point où chaque année gagnée grâce aux traitements
compensera les effets du vieillissement. Une perspective
d’immortalité relative, où la mortalité ne disparaîtra pas
totalement, mais ne s’accroîtra plus avec l’âge.

Il souligne aussi que la
société devra s’adapter, notamment en instaurant un revenu
universel de base pour compenser les pertes d’emploi liées à
l’automatisation.

Un futur à la fois fascinant
et incertain

Si l’idée d’un futur hybride
humain-machine fascine, elle reste aussi controversée. Certains
spécialistes doutent encore que l’AGI puisse voir le jour si
rapidement, et s’interrogent sur les implications éthiques et
techniques d’une telle fusion.

Néanmoins, Kurzweil et
d’autres futurologues insistent : l’accélération actuelle des
progrès technologiques rend ce scénario crédible, et il est urgent
d’y réfléchir dès aujourd’hui.