Des chercheurs français ont identifié une piste pour soigner le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui touche environ 10 % des femmes et est une des principales causes d’infertilité féminine, a rapporté vendredi 11 avril 2025 un communiqué commun de l’Inserm, l’université de Lille et le CHU de Lille.

« Une avancée majeure pour la santé des femmes »

Le SOPK se caractérise par une surproduction d’hormones mâles chez les femmes atteintes, perturbant leur fertilité notamment. Ces femmes peuvent aussi souffrir de déséquilibres hormonaux, de règles irrégulières et/ou abondantes, de kystes dans les ovaires, d’acné, d’hyperpilosité, de prise de poids ou encore d’une chevelure clairsemée, détaille l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elles présentent aussi plus de risques de développer du diabète, de l’hypertension, du cholestérol ou encore un cancer de l’endomètre.

À ce jour, il n’existe aucun traitement contre les causes de ce syndrome, seulement des traitements s’attaquant à certains symptômes. Cette nouvelle étude représente donc « une avancée majeure pour la santé des femmes et la médecine reproductive », a commenté Paolo Giacobini, à la tête de l’équipe de recherche lilloise.

Des tests concluants chez des souris

Concrètement, les chercheurs ont identifié qu’en bloquant l’activité de l’hormone anti-Müllérienne (AMH) chez des souris atteintes de SOPK, les symptômes reculaient « de manière significative ». Dans la même idée, exposer des souris à l’hormone AMH lors de leur « mini-puberté » augmente leurs risques de développer le SOPK.

« Les chercheurs ont administré trois injections d’AMH à un premier groupe de souris, entre le deuxième et le quatorzième jour suivant leur naissance [période de « mini-puberté »] », détaille le communiqué. « Les souris ayant reçu des injections importantes d’AMH durant cette phase ont développé à l’âge adulte des symptômes du SOPK, comme l’infertilité et les troubles métaboliques provoquant par exemple une prise de poids », rapporte Paolo Giacobini.

On savait déjà que l’exposition du fœtus à des taux élevés d’AMH pendant la grossesse augmentait le risque de développer des symptômes du SOPK plus tard. « L’étude révèle que la mini-puberté est également une période à risque », résume le directeur de recherche Inserm au sein du Centre de recherche Lille Neurosciences et cognition.

Un brevet déposé

Forts de cette découverte, les chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle bloquer l’activité de cette hormone AMH permettrait de prévenir, voire de traiter les symptômes du SOPK. Ils ont alors développé un nouvel anticorps, nommé Ha13, afin d’obstruer les récepteurs de l’hormone AMH.

« Administrés lors de la mini-puberté, ces bloqueurs d’hormone AMH ont eu un effet préventif : les souris n’ont pas développé les principaux symptômes du SOPK plus tard dans leur vie. Et chez les souris adultes qui en souffraient déjà, les anticorps ont permis de les faire reculer : les cycles, l’ovulation et les taux d’androgènes sont revenus à la normale, ce qui suggère que très probablement que la fertilité est améliorée », conclut Paolo Giacobini. Un brevet a été déposé.

L’administration du Ha13 à des femmes lors de la mini-puberté est pour l’heure exclue, « dans la mesure où le diagnostic du SOPK survient seulement après les premières règles et où des travaux supplémentaires doivent étudier les conséquences à long terme de ce “blocage” sur l’organisme », indique le chercheur. Mais son équipe souhaite reproduire l’expérience auprès de femmes adultes souffrant du SOPK.