Comme souvent avec lui, tout a démarré dans un esprit potache. Fatal Bazooka, son personnage de rappeur savoyard aux biceps hyperprotéinés, au bling bling doré accroché autour du cou, comme 50 Cent, Booba et d’autres piliers des charts du moment, a surgi en 2002.

Puis la vanne a duré, les hits se sont empilés, avec l’appui du producteur Tefa, alors que les « vrais » musiciens se prenaient les pieds dans le tapis, dans l’un des moments les plus délicats de l’histoire de l’industrie musicale.

Au Théâtre de Verdure de Nice, Michaël Youn avait de quoi tenir de longues minutes sur scène avec Fous ta cagoule, Mauvaise foi nocturne (sa parodie de Confessions nocturnes de Diam’s et Vitaa, réalisée avec Pascal Obispo), Parle à ma main ou encore J’aime trop ton boule.

À 51 ans, le délire régressif fait toujours autant marrer ce fan inconditionnel du PSG… Et nous aussi, tout comme les 3.500 spectateurs lui ayant réservé un accueil digne d’une rock star, dernièrement, pour le dernier soir de La Kermesse (il reviendra le 3 août à La Seyne pour ce même festival).

On l’a retrouvé dans sa loge, suant comme le Johnny des grandes heures, éreinté mais ravi d’avoir pu plonger dans ce bain d’adrénaline.

On vous a vu très concentré avant de monter sur scène. Il faut être sérieux pour bien déconner?

Je ne veux pas trop me disperser, parce que je sais aussi que ça me demande beaucoup d’énergie et que je veux bien faire les choses. Ce n’est pas une histoire de stress, mais de concentration, oui. Et après, je peux m’amuser. Là, je me suis amusé comme rarement!

Il y a quelque chose de spécial sur la Côte d’Azur?

Le Théâtre de Verdure, c’est toujours une date folle. Est-ce que c’est parce que je me sens un peu chez moi [Il a fait des études de commerce à Sophia Antipolis, ndlr] ? Est-ce que c’est parce que cette arène est particulière? Est-ce que c’est parce que c’est l’été et que les gens sont chauds? Ou tout simplement parce qu’on s’entend bien, eux et moi? Je ne sais pas…

Un constat: contrairement à certains artistes « vintage » en rade de chansons après un ou deux titres, vous avez beaucoup de titres que les gens peuvent chanter par cœur…

Oui, et ce n’est pas le même public en fonction des époques. Parle à ma main [un duo avec la chanteuse Yelle] marche fort sur le public féminin, plus jeune. Fous ta cagoule parle vachement aux garçons, comme Ce matin va être une pure soirée. Et Comme des connards (une parodie de My Sharona, de The Knack, datant de 1979) accroche les plus vieux.

Il y a quelques jours, vous étiez à la première édition du Do You Comedy à Saint-Tropez, avec vos potes du Morning Live, Benjamin Morgaine et Vincent Desagnat. Ce type de scène vous manque parfois?

Je ne suis plus un grand fan du seul en scène. Maintenant, les plateaux multi-artistes, ça peut me faire marrer. Ce n’est pas un reproche envers ceux qui font du stand-up, mais quand tu fais des plateaux comme celui de ce soir, avec le public qui est hystérique, et que tu peux lancer des blagues entre les morceaux, pourquoi tu ne ferais que des blagues? La musique permet de créer des moments de liesse difficile à atteindre avec l’humour.

On vous retrouve au cinéma ce mercredi 16 juillet avec Kev Adams dans Certains l’aiment chauve…

Oui, c’est l’histoire d’un mec qui a trente ans. Il perd sa meuf, il perd son boulot et de manière fulgurante, il perd ses cheveux. Moi, je joue son oncle. Je suis là pour être un peu son partenaire, je l’aide à rentrer dans une résistance capillaire, je veux qu’il lutte pour l’acceptation de soi. Mon personnage, il est dans le déni. C’est un film léger, un film d’été.

Fatal est sorti il y a quinze ans au cinéma. Une suite est dans les tuyaux?

Oui, on est en train de travailler sur le scénario, ça devrait être prêt pour 2026. Avant ce projet, je l’espère, il y aura la sortie de L’Homme invisible [une adaptation en comédie du roman de H. G. Wells, où il est à la fois à la réalisation et devant la caméra].

Flashback, la fiction de TF1 où vous jouez un flic à l’ancienne, a connu un beau succès, avec 3,5 millions de fidèles en moyenne. On peut attendre une saison 2?

On touche du bois, mais normalement, oui. Il y a des chances qu’Elsa Le Tellier [le personnage de Constance Gay, dont il incarne le père] retourne encore dans le passé.

Vous avez même décroché le prix d’interprétation masculine pour ce rôle lors du premier Multi Screen Grand Prix…

La dernière fois que j’avais eu un prix, c’était le Gérard du plus mauvais acteur, pour Iznogoud (en 2006). J’ai l’impression de progresser, c’est pas mal.

>> La Kermesse Festival à La Seyne-sur-Mer, 1, 2 et 3 août. A partir de 45, 99 euros. Rens. lakermesse.fr