La Bourse de Paris ne se remet pas de la guerre commerciale entamée par Donald Trump avec le monde entier via la hausse des tarifs douaniers. Peu avant 10 heures, ce vendredi 4 avril, son principal indice, le CAC 40, reculait de 1,07 %, de 81.05 à 7 517,93 points. Jeudi, il avait fini en chute de 3,31 %. Depuis lundi et à ce stade de la séance, l’indice affiche une perte de 5,01 %. A ce rythme, le CAC 40 se dirige vers sa plus mauvaise semaine depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

«Nous nous attendions à des annonces choquantes de Donald Trump, et cela a été pire» qu’escompté, écrit Xavier Chapard, stratégiste chez LBP AM. Les nouvelles taxes prévues sur les produits importés aux Etats-Unis vont d’un plancher de 10 % pour tous à 54 % en cumulé pour ceux en provenance de Chine. Les marchandises de l’Union européenne feront, elles, l’objet d’une taxe à l’importation de 20 %. Certains territoires français d’outre-mer sont même visés par des droits de douane additionnels plus élevés (37 % pour la Réunion et 50 % pour Saint-Pierre-et-Miquelon).

«Si ces tarifs ne sont pas réduits rapidement, ce qui est possible mais qui nous semble difficile, cela devrait pousser les Etats-Unis au bord de la récession dans les prochains trimestres», estime Xavier Chapard. Cette politique commerciale des Etats-Unis, agressive et protectionniste, risque aussi de «faire remonter l’inflation américaine au-delà de 4 % d’ici la fin de l’année», ajoute le stratégiste.

«La grande question est de savoir comment les partenaires commerciaux des Etats-Unis pourraient riposter. Cela déterminera l’impact sur l’économie mondiale, écrit Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.«Les investisseurs seront ainsi attentifs à tout accord potentiel visant à réduire les droits de douane. Donald Trump a déclaré jeudi soir que “les droits de douane donnent [aux Etats-Unis, ndlr] un grand pouvoir de négociation”, mais que les autres pays devraient offrir quelque chose de “phénoménal” dans le cadre des négociations pour qu’il cède. Il n’y a donc aucun signe de soulagement immédiat.»

«Par exemple, le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi que les entreprises françaises devraient suspendre leurs investissements aux Etats-Unis», a cité Jim Reid. La France investit davantage aux Etats-Unis que ce que les Américains injectent en France. En 2023, les investissements directs français outre-Atlantique s’élevaient à 370 milliards de dollars, faisant de la France le troisième investisseur européen et le cinquième investisseur étranger aux Etats-Unis, selon les chiffres du Bureau of Economic Analysis (BEA) américain. Dans le sens inverse, d’après la Banque de France, les Etats-Unis ont atteint un niveau total d’investissements de 142,1 milliards de dollars dans l’Hexagone en 2023, ce qui fait du pays de Donald Trump le premier investisseur étranger en France.

La Bourse de Paris n’est pas la seule en souffrance. Les principaux indices boursiers européens continuaient eux aussi de baisser dans les premiers échanges, Francfort perdant 0,7 %, Zurich 0,86 % et Milan 1,55 %. En Asie, la Bourse de Tokyo a accentué ses pertes en clôture : l’indice vedette Nikkei a perdu 2,75 %, et l’indice élargi Topix 3,37 %. De même, la Bourse de Sydney a chuté de 2,44 % et celle de Séoul reculé de 0,86 %. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.