Par
Cédric Nithard
Publié le
17 juil. 2025 à 11h41
; mis à jour le 17 juil. 2025 à 11h45
Le MHR a publié ce lundi 14 juillet sur les réseaux sociaux une vidéo détaillant des points de vétusté du stade Yves du Manoir qui, selon le club, ne lui permettrait pas de « jouer les premiers rôles au niveau national et européen. » Une vidéo qui n’a pas été du goût de la Métropole de Montpellier. Deux jours après, à l’occasion du conseil de la collectivité, le vice-président délégué aux Sports Christian Assaf a tenu, comme on le dit fréquemment dans le monde de l’ovalie, à remettre l’église au centre du village.
Le MHR évoluera bien à Yves-du-Manoir
Si la Métropole de Montpellier soutient le MHR, comme la plupart des clubs professionnels du territoire, les relations avec son président Mohed Altrad sont particulièrement complexes. On dira qu’elles oscillent entre l’opposition des élections municipales 2014 et la joie du titre de champion de France 2021-2022, les tensions ne manquant pas d’émerger quand est évoquée la question du stade Yves-du-Manoir.
La collectivité, refusant de le céder à l’homme d’affaires, le MHR en bénéficie, à l’instar du MHSC pour le stade de la Mosson, par une convention d’occupation temporaire du domaine public pour laquelle le club verse 328 247€ HT par an, somme à laquelle s’ajoute une redevance variable en fin de saison suivant les recettes issues de l’exploitation du stade les jours de match.
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Après les problèmes de pelouse ayant obligé le club à jouer quelques matchs à Béziers, Mohed Altrad avait justement menacé de ne pas signer cette convention et de délocaliser le club en étant prêt à construire son propre stade. Avant que l’on apprenne quelques jours plus tard que la convention avait bien été signée pour la saison 2025-2026 et donc présentée en conseil de métropole ce mercredi 16 juillet. L’occasion pour Christian Assaf d’apporter des précisions quant à la vidéo diffusée par le MHR deux jours plus tôt. Autant dire que le vice-président délégué aux Sports n’a pas hésité à aller au tampon.
Une vidéo à charge pour… le MHR ?
Félicitant d’abord les U16 pour leur récent titre de champion de France, Christian Assaf estime que la signature de la convention est « un véritable épilogue suite à de nombreuses rumeurs et à des menaces aussi absurdes qu’improbables quant à la délocalisation de notre club fanion. Cela montre l’attachement du club à sa résidence le stade Yves-du-Manoir. » Un stade qui a par ailleurs discrètement changé de nom le 1er juillet dernier passant de GGL Stadium à Septeo Stadium. L’entreprise montpelliéraine internationale versant 480 000€ TTC par an à la collectivité pour ce nouveau nom.
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La satisfaction exprimée, le vice-président délégué aux Sports revient sur la vidéo diffusée par le club ayant « pour but de décrédibiliser la Métropole. » Citant Blaise Pascal, « Qui veut faire l’ange, fait la bête », Christian Assaf passe à l’attaque : « Sur cette vidéo sont présentée des espaces dégradés du secteur professionnel comme les vestiaires, les sanitaires, les douches, les salles de massage… Des espaces exclusivement utilisés par l’équipe première du MHR et pour lesquels le club a la charge d’entretenir et de maintenir ses locaux. » Un point en effet mentionné dans l’article 7 de la convention d’occupation temporaire du domaine public qui stipule : « Pendant la durée de la convention, toute dépense d’entretien et de réparation, à l’exception des grosses réparations relevant de l’article 606 du code civil qui resteront à la charge de la Métropole à savoir les gros murs, les voûtes, le rétablissement des poutres ou des couvertures entières, toutes les autres réparations sont d’entretien et seront à la charge de l’occupant. »
Des huissiers et une commission de sécurité
Sûr de son bon droit, Christian Assaf ironise : « Je remercie le président Altrad de cette vidéo qui nous permet d’avoir un état précis de l’état des bâtiments dont il a la charge » et d’indiquer que « des huissiers ont été dépêchés pour constater cela très officiellement afin de rappeler à monsieur Altrad et l’équipe leurs obligations conventionnelles. » Et de préciser que la Métropole de Montpellier a engagé depuis 2021 plus de 3M€ sur le stade Yves-du-Manoir pour la réflexion de la pelouse en cours actuellement, le remplacement de la pelouse du stade Éric Béchu, la rénovation complète de l’éclairage, le changement de la signalétique, des ascenseurs… et, à venir, des caméras de vidéosurveillance ainsi que les améliorations de ses accès. Sept agents à temps plein sont de plus en charge de « ce précieux stade dont il est bien trop souvent vilipendé. » Témoignant de ses expériences, il n’en reste pas moins que le stade Yves-du-Manoir a obtenu l’avant-dernière place du récent classement de L’Équipe des stades du Top14, le délégué aux sports juge que « les attaques contre notre stade sont profondément injustes. » En étant desservie à partir de décembre par la ligne 5 de tramway, l’enceinte montpelliéraine devrait gagner quelques places.
Tentant ensuite un double plaquage, « nous avons une ministre du gouvernement et c’est une chance eut égard à sa proximité avec le président Altrad », Christian Assaf souhaiterait, sans la nommer, que Patricia Mirallès lui rappelle « les termes de la commission de sécurité qui s’est déplacée dans le centre de formation, propriété et à la charge du MHR, qui le 17 mars 2025 a constaté la présence de nombreuses fissures sur les sols et murs pouvant impacter la solidité et l’isolement du bâtiment » avec également « des modifications dans l’exploitation de l’établissement sans qu’aucune demande de permis de construite ou d’autorisation de travaux n’aient été déposés. » Et de mentionner un dernier point : « En cas de sinistre, l’intervention du public et l’évacuation des secours seront complexes voire impossibles. La commission de sécurité rendant ainsi un avis défavorable à l’exploitation du bâtiment. » Puisant à nouveau dans le tiroir à citations, « en guise de conclusion et de conseil au président Altrad », Christian Assaf invoque Julio Cortazar : « La lâcheté tend à projeter sur les autres la responsabilité que l’on refuse. »
Un argumentaire complété par Michaël Delafosse. « Le MHR appartient d’abord aux Montpelliérains, aux habitants de la Métropole et à ses supporters. Dans une époque où vous sortez une vidéo sur les réseaux sociaux pour essayer de déchaîner les pulsions, il faut faire preuve de responsabilité et de sérieux. Les polémiques vont retomber durant l’été, c’est l’intérêt de tout le monde car le sport c’est jouer collectifs et respecter les règles. » En ayant la sensation d’avoir déjà écrit cela il y a cinq ans, des terrains de sports au terrain politique, il n’y a qu’un pas à franchir. Certaines choses peuvent parfois provoquer ce pas…
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