Deux jours après l’effroyable exécution filmée et diffusée d’un jeune homme dans la campagne au nord de Nîmes (Gard), où des équipes de narcotraficants s’affrontent depuis plusieurs années, les investigations avancent, a-t-on appris ce jeudi matin.

Selon nos informations, dans l’enquête confiée aux divisions de la criminalité organisée spécialisée (DCOS, ex-PJ) de Nîmes et de Montpellier (Hérault), deux personnes ont été interpellées.

Placés en garde à vue, ces deux suspects, dont l’un serait un dealer bien connu de la police, seraient liés aux fusillades de ces dernières semaines qui ont conduit à l’assassinat d’un jeune homme de 19 ans, retrouvé immolé mardi soir sur un chemin de Saint-Bénézet, un petit village situé à une trentaine de kilomètres de Nîmes.

Car c’est bien dans les quartiers populaires de la cité gardoise que ce déchaînement de violence froide prend ses racines. Selon une source sécuritaire, si le conflit armé et mortifère qui oppose des équipes de narcotrafiquants évolue depuis plusieurs années, c’est désormais le quartier Pissevin, de la ZUP Sud où le jeune Fayed avait été tué par une balle perdue en 2023, qui affronte seul les Mas de Mingue, la ZUP Nord et leurs alliés de la DZ Mafia marseillaise.

[2/4] L’attentat du « Rainbow Warrior » : un scandale d’État

Crime story raconte chaque semaine les grandes affaires criminelles.

ÉcouterYanis, un « jobber » originaire de région parisienne

Mardi soir, des promeneurs découvrent un corps en partie calciné dans une garrigue de Saint-Bénézet. Un câble relie la sacoche de la victime à son entrejambe. Elle semble avoir été traînée là. Sept douilles d’arme de poing sont ramassées sur place, ainsi qu’un briquet et une carte bancaire. Selon nos informations, les empreintes digitales du jeune homme ont permis d’identifier le défunt comme étant Yanis M. un jeune homme de 19 ans, originaire de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) en région parisienne. Il aurait voyagé jusque dans le Gard, où il était employé comme « jobber », c’est-à-dire petite main du trafic de drogue.

Si une autopsie, qui sera menée demain au CHU de Nîmes, doit déterminer les causes de la mort, Yanis M. semble avoir été torturé. Ce que confirment d’effroyables vidéos, probablement tournées par les auteurs du crime, diffusées en début de semaine sur le réseau social TikTok et les messageries cryptées, comme Telegram, utilisées par les narcotrafiquants. Le jeune homme y est filmé, assis dans la terre, ligoté les mains dans le dos et bâillonné avec du ruban adhésif. On y voit son tueur lui tirer plusieurs balles dessus, dont au moins une dans la tête. Les images montrent aussi Yanis M, qui semble avoir été aspergé de liquide inflammable, être immolé à l’aide d’un briquet.

Ces violents clips, preuves de leurs crimes, sont de plus en plus utilisés par les narcotrafiquants pour intimider et provoquer leurs adversaires, laissant dire aux autorités que le conflit a désormais basculé dans le narcoterrorisme.

Cible d’un contrat, il est placé en garde à vue

On ne sait pas pour quelle « équipe » la jeune victime exécutée était employée mais des commentaires évoquent des tueurs issus de Pissevin. La personne qui diffuse les vidéos sur Telegram nargue : « Je vous garantis à 1 000 % que ce n’est pas un jeune à nous. Ils ont tué leur propre vendeur, provoque-t-il. Croyez pas que vous faites peur avec ce que vous avez fait. Vous avez juste tué un petit innocent qui vendait pour vous. »

Sur ce même groupe de discussions, la tête d’un dealer de Nîmes est mise à prix pour 150 000 euros. « Pour le faire dormir », dit l’auteur de « l’annonce », qui a diffusé des informations personnelles pouvant le localiser lui ou sa famille. Selon nos informations, c’est ce narcotrafiquant qui a été interpellé et placé en garde à vue ces dernières heures. Il serait lié à plusieurs fusillades qui auraient conduit à l’exécution de Saint-Bénézet.

Une autre personne a été interpellée dans le cadre de cette enquête ouverte pour « meurtre en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ».