Dans une longue interview accordée ce 16 juillet au site WEB.DE., Yasmin Fahimi, la présidente du DGB, s’alarme : « Les travailleurs allemands sont confrontés à une offensive en règle du patronat pour échapper aux contraintes d’accords tarifaires (conventions collectives, NDLR) à l’échelle des branches d’activité nationales. Cela m’inquiète au plus haut point. » Elle dénonce un recours accru, « dans le meilleur des cas, à des accords maison, entreprise par entreprise. »

« On s’éloigne ainsi, ajoute la cheffe du DGB, d’une culture du compromis qui a marqué toute la société ». Et en fin de compte « cela ne fait pas de bien à notre économie ». Le fait que la porte soit ouverte à une précarisation de plus en plus marquée du monde du travail « n’est pas une bonne nouvelle » dans une société où les écarts de revenus ne cessent de se creuser entre les plus riches et le reste de la société, s’indigne-t-elle. Pourtant du côté du patronat comme de la politique « certains veulent toujours davantage de dérégulations ».

3 900 personnes détiennent un tiers du PIB

Grâce aux conventions collectives a pu émerger durant les décennies passées une importante « classe moyenne » dont le niveau de vie a stimulé la consommation et « a profité ainsi à la conjoncture intérieure ». Mais le recul de la couverture des conventions collectives qui concernent désormais moins d’un salarié allemand sur deux, pénalise in fine l’économie.

Quand plus de 800 000 travailleurs allemands sont tributaires du versement d’un « Bürgergeld » (l’équivalent du chômage) complémentaire pour survivre, « c’est en fait l’État qui subventionne tout un secteur de bas salaires avec l’argent du contribuable. C’est inadmissible », lance encore la patronne du DGB déplorant que de plus en plus de personnes, le plus souvent chargées de famille, soient poussées vers des emplois qui ne leur assurent pas les moyens de survivre.

Et les mesures envisagées par le pouvoir visant à précariser toujours plus une énorme frange de salariés au prétexte de rendre les entreprises plus compétitives, ne vont faire qu’aggraver le malaise au sein de la société. Soigner réellement l’économie « ne passe en aucun cas par l’attaque totale de notre État social », dénonce la cheffe du DGB. Elle s’insurge que rien ne soit demandé à ceux qui sont installés « tout en haut de l’échelle sociale, à ces quelque 3 900 personnes qui disposent de presque un tiers du PIB », soit le total des richesses annuelles créées dans le pays.

Yasmin Fahimi n’attend rien de bon de la convocation par le gouvernement Merz, de commissions chargées d’élaborer les nouveaux contours de l’État social. Interrogée sur le sujet elle répond sans hésiter : « Je crains qu’il ne s’agisse que de trouver les moyens de balayer définitivement l’État social. »

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