Temps de lecture: 2 minutes

Donald Trump ne s’en est jamais caché: il veut que la guerre en Ukraine cesse et vite. Contrairement à son prédécesseur, son approche est toutefois bien plus neutre et les relations avec la Russie se sont nettement réchauffées depuis son retour à la Maison-Blanche. Admiratif de Vladimir Poutine, il avait qualifié l’annexion de la Crimée en 2014 de «brillante» et tout le monde a encore en tête son accrochage mémorable avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, à la fin du mois de février. Il semblerait pourtant que la lune de miel soit terminée entre le Kremlin et Washington.

Alors qu’il avait annoncé l’arrêt de l’envoi de systèmes de défense antiaérienne Patriot vers l’Ukraine, Donald Trump a visiblement une nouvelle fois changé d’avis, analyse le Washington Post. Il a par ailleurs menacé Moscou de sanctions commerciales sans précédent si la guerre ne trouve pas d’issue d’ici cinquante jours, comme il l’a menacé le 14 juillet. Le président russe Vladimir Poutine croyait avoir un «joker» à la Maison-Blanche, mais son double jeu et son absence d’efforts notoires ont fini par lasser son interlocuteur.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Slate !
Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Slate !Les articles sont sélectionnés pour vous, en fonction de vos centres d’intérêt, tous les jours dans votre boîte mail.

L’erreur stratégique de Moscou

Vladimir Poutine pensait régler son invasion de l’Ukraine en quelques semaines. Face à la résistance acharnée des troupes ukrainienne, la Russie s’est depuis enlisée dans une guerre d’usure, avec des pertes humaines et matérielles inédites depuis 1945. Malgré ses multiples offensives, la ligne de front reste globalement figée, en partie à cause de l’utilisation massive de drones par les deux camps. L’Ukraine prévoit d’en produire quatre millions en 2025 pour résister à la désormais traditionnelle offensive russe estivale.

La principale crainte de Kiev ces derniers mois était celle d’un épuisement rapide des munitions antiaériennes face à la pluie de missiles et de drones russes. Si les bombardements ne changent pas l’issue d’une guerre, ils causent des pertes tragiques –y compris chez les civiles– et sapent les infrastructures. En cela, la décision de Donald Trump d’augmenter les livraisons de munitions et de systèmes Patriot est capitale pour l’Ukraine.

Pour vraiment faire pencher la balance, la Maison-Blanche pourrait aller plus loin et libérer les dizaines de milliards de dollars de fonds russes gelés aux États-Unis. Ces montants colossaux –environ 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros)– pourraient fournir à l’Ukraine une marge de manœuvre industrielle pour tripler sa production d’armement.

Méfiance toutefois: la trajectoire de Donald Trump reste impossible à prévoir, y compris pour ses alliés à l’international. Qui aurait parié, il y a quelques mois voire même quelques semaines, sur un revirement aussi radical? Faute d’avoir compris la psychologie de du chef d’État américain, Vladimir Poutine risque aujourd’hui d’en payer le prix fort. Voir en Donald Trump un allié permanent et docile pourrait bien être la dernière erreur stratégique du Kremlin.