Même sans le son, la scène est éloquente. On voit un homme âgé d’une trentaine d’années, en short, s’introduire par effraction dans une supérette. Il jette des regards inquiets autour de lui. Une femme vient lui bloquer la sortie. L’intrus se rue sur elle. Un homme intervient et le plaque à terre. S’ensuit une scène de lutte confuse. Trois minutes plus tard, c’est la police qui intervient. Fin de la partie. Le cambrioleur est interpellé.

Cette scène a été filmée par une caméra de vidéosurveillance du Carrefour Express du 18, rue Lamartine, dans le centre-ville de Nice. Elle s’est déroulée mardi 15 juillet 2025, à 23h30. Marine et Vladimir, le couple de gérants, 28 ans chacun, a surpris un cambrioleur en flag’. Avec leur jeune employée Valentine, ils sont parvenus à le maîtriser, puis à le remettre la police. Et stopper ainsi une série de vols.

Voilà déjà plusieurs nuits que des bouteilles disparaissaient, derrière la caisse de leur supérette. Le 12 juillet, puis le 15, un visiteur pénètre par effraction peu après minuit et dérobe des bouteilles de vodka. « Nous sommes allés déposer plainte, témoigne Valentine. Quelques heures plus tard, il recommençait. Ça nous a un peu agacés… »

« Il s’est jeté sur moi et m’a donné un coup de poing »


Les caméras de vidéosurveillance avaient filmé de précédentes intrusions du même individu. Photo DR.

Trois intrusions en trois jours: ç’en était trop. Alors les gérants prennent, de leur propre aveu, « une décision audacieuse: passer la nuit en planque dans la réserve du magasin, en guettant une éventuelle intrusion. Un coup de poker qui a payé. Et puis la porte d’entrée devait être réparée: on s’est dit que c’était plus prudent. »

Mardi, à 22 heures, les grilles s’abaissent, les lumières s’éteignent. Marine, Vladimir et Valentine se cachent dans la réserve. « Vers 23h30, ayant une petite faim, je décide d’aller chercher une pizza… Et au moment où j’arrive au rayon, je le vois par la fenêtre. » Marine reconnaît le visage de l’individu filmé par leur caméra la nuit précédente. « Je me planque. Il rentre. J’étais complètement flippée! »

Sitôt entré, l’intrus comprend qu’il n’est pas seul. « Il a pris peur et a tenté de s’enfuir, témoigne Valentine. Je bloquais la sortie. Il s’est jeté sur moi. Il m’a donné un coup de poing. Mon conjoint a couru vers lui. L’individu lui a mordu les doigts, a mis les siens dans ses yeux. Pendant ce temps, notre employée a appelé la police. Ils étaient ravis qu’il soit arrêté. Ils ont été très sympas avec nous. »

« Un peu déraisonné, mais… »


Les gérants ont maîtrisé le cambrioleur avant d’être rejoints par la police. Photo DR.

Interpellé, menotté, le suspect est conduit à la caserne Auvare. Direction le groupe d’appui judiciaire (GAJ) de la police nationale. Au terme de sa garde à vue, il a été déféré au parquet de Nice ce jeudi après-midi, en vue d’un procès en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.

Les gérants se disent « encore un peu secoués ». Mais « pas mécontents de l’avoir fait ». En témoigne leur selfie hilare pris dans la foulée. Valentine l’admet: « C’était un peu déraisonné. Il aurait pu avoir un couteau, ça aurait pu finir beaucoup plus mal… Mais c’est normal de protéger son business. C’est allé très vite. Valentine a voulu rester avec nous et elle n’a pas été de trop! Ça a boosté l’adrénaline de tout le monde. Et ça renforce la cohésion de groupe. Ça restera un sacré souvenir! »


Marine, Dimitri et Valentine ont tenu à diffuser ce selfie pris peu après l’interpellation, avec les bouteilles sur lesquelles ils veillaient. Photo DR.