Par

Anaelle Montagne

Publié le

17 juil. 2025 à 21h09

C’est une affaire façon poupées russes, où chaque rebondissement en dissimule un autre. Un simple refus d’obtempérer a permis aux policiers de Toulouse d’interpeller les auteurs d’un cambriolage… dont les victimes étaient en fait un couple baignant dans le trafic de drogue, au profil très atypique. Récit d’une enquête rocambolesque, qui aura duré des mois. 

Premier volet : le refus d’obtempérer

Tout commence dans la nuit du 6 décembre 2023 à Castelginestet, près de Toulouse. La police municipale croise un Range Rover, qui refuse d’obtempérer à leurs injonctions. Peu de temps après, les agents découvrent le véhicule arrêté sur le bord de la route.

Les individus à bord ont pris la fuite, mais ils ont laissé derrière eux un important butin : des armes à feu, 18 kilos de stupéfiants (MDMA, cocaïne, kétamine et 3-MMC), et près de 2000 euros en liquide. Sans oublier des papiers d’identité. 

Les policiers décident de traquer les malfrats et tombent sur l’un deux, caché non loin de là. Ils l’arrêtent. Les deux autres seront trahis par les documents d’identité et la carte bancaire, qu’ils ont oubliés dans le Range Rover. Ils sont arrêtés respectivement le lendemain, et un mois après les faits. Les trois hommes âgés de 25 à 33 ans sont finalement mis en examen et placés en détention provisoire.

L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais les policiers de la brigade de recherche de Toulouse Saint-Michel, appuyés par la Section de recherche de Toulouse, continuent de creuser. Ils découvrent que le véhicule a été utilisé dans un vol avec violence, perpétré le soir-même du 6 décembre, chez un couple. C’est le deuxième volet de cette folle affaire. 

La victime ligotée

Les trois voleurs ont débarqué ce soir-là chez le couple pour les cambrioler. Mais sur place, les choses ont dégénéré. Ils ont porté un coup violent au visage de l’homme, explique le parquet à Actu Toulouse. Ils l’ont ensuite ligoté, avant de quitter le logement avec le butin qui sera retrouvé le soir-même, dans la voiture.

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Il s’avère que les malfrats sont tous les trois défavorablement connus de la justice. Pire encore, le casier judiciaire de l’un d’entre eux comporte 25 mentions.

Les trois compères ont tous été poursuivis pour vol avec violence, séquestration, transport d’armes et de produits stupéfiants en récidive. Avant de se pencher sur leur condamnation, place au prochain volet de cette affaire sans fin : ce que cachent les victimes du cambriolage

L’ancien militaire et sa femme infirmière étaient trafiquants de drogue

Le vol avec violences a eu lieu chez un ancien militaire de 47 ans et sa compagne, une infirmière de 32 ans, qui résident à Fonbeauzard. La principale victime du cambriolage, c’est l’ex-militaire… reconverti dans le trafic de stupéfiants depuis juillet 2022.

« Il avait réalisé plusieurs transactions pour des sommes conséquentes depuis cette date et effectué divers voyage à l’étranger (Pays Bas, Espagne, etc), revendant principalement des drogues de synthèse », explique le parquet de Toulouse. Il ajoute que quelques dizaines de grammes de stupéfiants (ecstasy, cocaïne et cannabis), des armes et plus de 1000 euros ont d’ailleurs été découverts au domicile du couple le lendemain des faits.

L’enquête permet ensuite aux policiers d’établir que le butin découvert dans le véhicule des cambrioleurs avaient bien été dérobé au couple. Grâce à l’exploitation du portable de l’ancien militaire et de ses comptes bancaires, les enquêteurs « établissent l’importance du trafic et y mettent un terme par son incarcération ».

Sept personnes jugées

Deux autres individus de 35 ans, impliqués aux côtés de l’ex-militaire, subissent le même sort et finissent derrière les barreaux. « L’un sera poursuivi pour blanchiment, ayant apporté son concours pour l’aider à recouvrir les sommes dues dans le cadre de son trafic », précise le parquet de Toulouse.

L’autre individu, client et revendeur du trafiquant, sera poursuivi pour « détention, offre ou cession et acquisition de produits stupéfiants », ainsi que pour « détention et transport d’armes de catégorie A et C » et pour « blanchiment de sommes d’argent issues du trafic de stupéfiant ». Quid de la compagne de l’ancien militaire ? 

Tous coupables

L’infirmière de 32 ans a été poursuivie par la justice pour détention de stupéfiants et d’armes, ainsi que pour blanchiment. En effet, ses comptes bancaires ont régulièrement été utilisés « pour dépôt de numéraires liés au trafic de stupéfiants », indique le parquet. La trentenaire n’était pas connue de la justice. 

Tous Toulousains d’origine ou domiciliés ici de longue date, les sept protagonistes ont été jugés durant deux jours d’audience les 22 et 23 mai 2025. Ils ont tous été déclarés coupables de l’ensemble des faits pour lesquels ils ont été poursuivis. 

Les condamnations

Les trois voleurs qui avaient refusé d’obtempérer ont été respectivement condamnés à trois ans de prison dont un an de sursis ; quatre ans de prison dont 18 mois avec sursis ; et cinq ans de prison ferme, pour le seul d’entre eux qui comparaissait détenu. 

Le trafiquant de stupéfiants, c’est à dire l’ex-militaire, avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Absent le jour du procès, il a été condamné à quatre ans de prison avec mandat d’arrêt, en plus d’une amende de 9 000 euros.

Sa compagne, elle, était présente à l’audience. Elle a été condamnée à deux ans de prison dont un avec sursis. Quant aux deux individus impliqués dans le trafic (l’un client et revendeur, l’autre coupable de blanchiment), ils ont respectivement écopé de deux ans de prison dont un avec sursis, et de 18 mois avec sursis.

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