Sur le nombre d’heures travaillées, la consommation d’antibiotiques ou sur l’affection de longue durée (ALD), François Bayrou a comparé, lors de sa présentation, les situations des deux côtés du Rhin. Vieille ficelle de la politique française, le parallèle avec la « rigueur allemande », parfois plus ancrée dans l’imaginaire collectif que dans la réalité (en Allemagne, où l’on a, avant la France, inventé les 35 heures, joindre quelqu’un au travail, le vendredi après-midi, est souvent un défi), justifie le serrage de ceinture des concitoyens. Au sujet de l’ALD, le Premier Ministre a déclaré : « En France, 20 % des patients sont en ALD, contre 5 % en Allemagne, et je n’ai pas l’impression que les Allemands soient moins bien soignés », afin de motiver une réforme.

Un dispositif différent Outre-Rhin

Ce dispositif permet au patient français atteint d’une affection dont « la gravité et/ou le caractère chronique nécessitent un traitement prolongé et une thérapeutique particulièrement coûteuse » (cancer, maladies dégénératives..) de bénéficier d’un remboursement à 100 % de ses frais de santé.

Un dispositif identique n’existe pas en Allemagne. Les patients ne payent pas la visite chez le médecin (généraliste ou spécialiste) mais, par exemple, ils participent au financement des médicaments prescrits (sauf pour les enfants, pour qui la prise en charge est gratuite), des transports et des soins dispensés par les professionnels non-médecins, comme les kinésithérapeutes. Un patient atteint d’une maladie chronique avance donc l’argent de ses dépenses de santé mais il se fait rembourser quand elles excèdent 1 % de ses revenus bruts annuels.

Les retraités pas pris en compte

Contacté sur l’origine des 5 % mentionnés, le service de presse du Premier ministre n’a pas donné suite à notre demande. Selon une étude publiée, en 2020, par l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, 8 % des affiliés aux caisses de sécurité sociale allemandes avaient dépassé ce plafond de 1 %, en 2018, ce qui pourrait très éventuellement correspondre au chiffre avancé par François Bayrou. Nous n’avons pas trouvé de pourcentages correspondants. Les statistiques du ministère de la Santé précisent que 4,3 % des 20-64 ans sont inactifs à cause de maladie ou de handicap mais les retraités, beaucoup plus touchés par les ALD, ne sont donc pas inclus.