Ils viennent assister à leur audience, parfois accompagnés de proches, dans l’espoir de faire valoir leur droit à rester aux Etats-Unis. Mais pour nombre de migrants à New York, le passage devant le juge se transforme en piège. Depuis plusieurs semaines, des agents fédéraux masqués et armés rôdent dans les couloirs des tribunaux d’immigration pour interpeller les demandeurs d’asile à la sortie des salles d’audience. Une stratégie de traque qui scandalise élus et défenseurs des droits humains, et qui s’inscrit dans la campagne implacable de Donald Trump contre l’immigration.

Le président américain n’a de cesse de marteler qu’il veut mettre un terme à ce qu’il décrit comme une « invasion » de « criminels venus de l’étranger ». Si plusieurs décisions de justice ont freiné ses projets d’expulsions massives au nom du respect des droits fondamentaux, l’administration semble désormais miser sur une nouvelle tactique : interpeller les migrants au moment où ils viennent coopérer avec les institutions.

Les migrants sont envoyés en centres de rétention

Mercredi et jeudi derniers, un photographe de l’AFP a observé dans un tribunal du sud de Manhattan des agents fédéraux postés devant les salles d’audience du 12e étage, armés et munis de documents visant des migrants spécifiques. En quelques heures seulement, près d’une douzaine d’arrestations ont été effectuées. Les agents appartenaient à différentes agences, dont l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) et la police des frontières. Certains étaient masqués, d’autres portaient des boucliers, et aucun mandat n’a été montré.

Notre dossier sur l’immigration

Brad Lander, contrôleur financier de la ville de New York et élu démocrate, était sur place. Il a dénoncé des « audiences pièges » organisées pour attirer les migrants. « Cela ressemble à une procédure judiciaire, mais ce n’en est plus une. Ce sont des pièges pour les faire venir et les arrêter », affirme-t-il. Les migrants arrêtés sont immédiatement conduits dans des centres de rétention, souvent situés loin des grandes villes.