Après Nice, c’est au tour de la cité du Cinéma d’investir dans le déploiement d’un groupement d’une dizaine d’agents de sécurité privée.
Derrière le strass et les paillettes, une autre réalité cannoise s’impose. Celle de quartiers confrontés à une insécurité persistante, alimentée par le narcotrafic. À la Frayère, dans le quartier de la Bocca, les nuisances et les violences du quotidien ont poussé la municipalité à déployer un nouveau dispositif de sécurité.
Depuis début juillet, neuf agents de sécurité privée, financés dans le cadre d’un partenariat avec les bailleurs sociaux, patrouillent de 16h à 1h du matin, du mercredi au dimanche. Répartis en trinômes, ils ciblent les secteurs les plus exposés. Une présence voulue comme dissuasive, complémentaire de l’action des forces de l’ordre. «Ce n’est pas une substitution à la police, c’est une addition des forces», précise Yves Daros, directeur de la police municipale.
L’initiative était une promesse de David Lisnard, maire (Nouvelle Énergie) de Cannes. Lors de ses vœux à la population en janvier dernier, il s’était engagé à renforcer la sécurité dans les quartiers prioritaires de la ville. «L’idée, c’est de positionner des hommes là où ni la police nationale ni la municipale ne peuvent stationner durablement. Il faut occuper le terrain aux heures où les regroupements posent problème», explique encore Yves Daros.
Un dispositif qui ne coûte rien aux locataires
Ces agents, non armés mais équipés de moyens de communication et de protection, interviennent en cas de troubles ou d’incivilités : nuisances sonores, jets de canettes, squats dans les halls d’immeubles. Objectif : restaurer un climat de paix. «Ils nous ont aidés à évacuer des groupes qui squattaient les cages d’escalier. On revoit des familles dehors à Saint-Eugène, ça faisait longtemps», témoigne Laïd Bouzetit, président du syndicat d’initiative de défense de la Bocca, sur BFM Côte d’Azur. «Des demandes ont été faites au niveau de la préfecture pour l’obtention d’armes non létales, type bombe lacrymogène et matraque. Mais il s’agit à ce stade d’abord et avant tout d’une présence dissuasive», détaille Yves Daros.
Le financement du dispositif – estimé à 400.000 euros jusqu’à la fin de l’année – repose sur un mécanisme fiscal : la mairie a consenti une exonération de taxe foncière aux bailleurs sociaux, leur permettant de réaffecter ces sommes à la sécurité. Une opération à coût nul pour les résidents, selon la municipalité. Mais la présence de ces vigiles ne fait pas l’unanimité. «Ils restent assis sur leurs chaises à manger et à regarder leur téléphone. Moi aussi je peux le faire», raille une habitante du quartier, interrogée à son tour par la télévision locale.
Une critique déjà formulée à Nice, où un dispositif similaire, le GAIDA, a été instauré dans le quartier des Moulins. Si les autorités locales se disent «extrêmement satisfaites», des policiers et des habitants pointent une efficacité limitée et un effet d’affichage. À Cannes, il est encore trop tôt pour tirer un bilan. Mais les enjeux sont clairs : réinvestir l’espace public, recréer du lien avec les habitants, et surtout, enrayer l’implantation durable des réseaux.