Le gouvernement chinois a demandé aux constructeurs de calmer le jeu dans la guerre des prix. Les concessionnaires chinois, eux, veulent que les marques réduisent la pression. Ils se retrouvent aujourd’hui avec des stocks importants de véhicules invendus et des faillites inévitables.

A trop vouloir séduire le client, le vendeur est devenu perdant. Certes, l’acheteur chinois de voiture électrique est devenu un véritable roi ces dernières années avec un choix pléthorique et une guerre des prix qui a fait de sacrés dégâts : des gammes entières au rabais, et forcément, des constructeurs et des distributeurs qui trinquent. Selon une récente analyse, il pourrait ne reste plus qu’une quinzaine de marques automobiles en Chine à moyen terme, contre plusieurs dizaines actuellement. Et les concessionnaires en font eux aussi les frais : le showroom le plus prestigieux du groupe BYD en Chine, le Jinan Qiansheng, a dû fermer boutique récemment, laissant des centaines de clients dans l’incertitude.

Des concessions ferment, les stocks augmentent

Au total, plus d’une vingtaine de gros concessionnaires BYD en Chine ont dû réduire l’activité ou carrément fermer les portes. Il reste maintenant à savoir ce que vont devenir les clients qui ont notamment des contrats d’entretien en après-vente ou qui ont des besoins spécifiques pour leur véhicule.

Une situation favorisée par cette guerre des prix et cette fuite en avant à vouloir immatriculer toujours plus de véhicules pour gonfler les chiffres au moment des bilans semestriels. Des données suivies désormais de très près par les observateurs internationaux : un BYD qui dépasse Tesla dans les ventes de voitures électriques a forcément un impact positif sur l’image du groupe au niveau mondial. Et c’est un vecteur supplémentaire de développement au delà des frontières chinoises. Rappelons que BYD a déjà prévu la construction de sa première usine en Europe, le Vieux Continent étant sa cible privilégiée. Il faut dire que la porte américaine s’est totalement fermée avec des droits de douane de 250 % décidés par Donald Trump sur les voitures chinoises.

La Chine demande aux constructeurs de se calmer

La Chambre de commerce des concessionnaires automobiles de Chine demande aux constructeurs des « objectifs annuels raisonnables de production et de ventes et ne devraient pas transférer leurs stocks aux concessionnaires ni les contraindre à stocker des véhicules« . Des concessionnaires qui « ne devraient pas être contraints de se retirer du réseau et de fermer leurs magasins au nom de l’optimisation des canaux ». Dans un pays où les marques sont parfois généreusement subventionnées par l’Etat (ce qui a d’ailleurs conduit l’Europe à taxer les véhicules chinois pour concurrence déloyale), gageons que les grands groupes seront à l’écoute des consignes politiques. Et ils n’auront probablement pas le choix sans quoi la rentabilité d’une bonne partie des voitures vendues sera nulle, voire négative. A trop vouloir tirer les prix vers le bas, la compétitivité qui profite aujourd’hui aux clients fera probablement des dégâts immenses.

Fabien Hardy

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Publié le 18/07/2025 à 18:00