En pleine journée, sur les hauteurs de Nice, à Saint-Pierre de Féric, il n’y a pas un bruit. Seuls les chants d’oiseaux viennent déranger ceux des cigales. Mais le soir venu, une agitation vient troubler la tranquillité des riverains de la corniche de Magnan et de la rue Antoine-Virello. Des allées et venues de véhicules et de piétons, de la musique émanant d’une villa située au bout d’une impasse.

Une villa privée pour des soirées publiques

C’est le siège du Tokyo Club, une sorte de discothèque où se tiennent régulièrement des soirées. Il est déclaré comme ERP (établissement recevant du public) auprès de la préfecture et les services départementaux d’incendie et de secours lui ont accordé un avis favorable d’ouverture. Cela, malgré la forte proximité avec la végétation foisonnante (donc un risque d’incendie) et un accès compliqué pour les secours en cas de problème.

« C’est une villa privée que nous mettons à disposition pour des soirées », explique Madame Gautier, en charge de l’établissement. Moyennant une quinzaine d’euros, il est possible de venir profiter de la musique et d’un espace de danse, de 22 heures à 5 heures.

Pourtant, le secteur n’est pas vraiment propice à cela: la villa se situe dans un quartier résidentiel privé, administré par une association syndicale autorisée (ASA, structure contrôlée par l’État) de trente parcelles. Dans son règlement, validé par la préfecture des Alpes-Maritimes, elle impose à tous les propriétaires de maisons de ne les utiliser qu’à des fins résidentielles et précise que « toute activité festive, commerciale ou associative, générant des nuisances […] n’est pas tolérée ».

Ce règlement peut-il faire obstacle aux autorisations administratives accordées par l’État? Non, selon Anthony Borré, premier adjoint au maire, qui suggère aux habitants de mener une action au civil pour contester cet établissement.

En attendant, des soirées commerciales y sont organisées. Quatre cette année, selon Madame Gautier, avec, à chaque fois, près de 200 personnes selon des riverains, une cinquantaine selon celle qui chapeaute l’établissement.

Des navettes qui dérangent

Pour limiter les nuisances, le Tokyo Club a mis en place un système de navettes: les clients garent leurs voitures le long de la corniche de Magnan et sont ensuite acheminés par un van qui descend la rue Virello jusqu’à la villa. Une bonne initiative de prime abord, mais qui ne suffit pas à préserver le sol déjà très abîmé de la rue en impasse, où le passage devait être très limité. Extrêmement pentue et en épingle, la rue rend difficile la circulation du van, qui patine, gratte la route, et génère du bruit. Sans compter les fois où, en faisant marche arrière, le véhicule percute un ou plusieurs murets.

La villa avait déjà fait parler d’elle en 2021. En pleine période de Covid, elle avait organisé une soirée avec 150 personnes. En juillet 2021, la Cellule intercommunale de médiation avait donc procédé à une fermeture de 45 jours. En 2022, elle avait organisé une pool party avec de la musique, ce qui avait conduit, en juillet 2022, à une fermeture partielle de deux mois. Enfin, en raison de la persistance des nuisances, une nouvelle fermeture partielle de 45 jours a été décrétée en août 2023. Décision contestée par l’exploitant mais confirmée par le tribunal administratif, selon Anthony Borré.

Plusieurs aménagements sonores

Depuis, la villa a fait des aménagements pour limiter les nuisances sonores, permettant aux riverains d’être plus tranquilles la nuit. Mais sur la question des allers-retours du van, rien n’a bougé. La préfecture des Alpes-Maritimes assure n’avoir reçu aucune nouvelle plainte de riverains depuis 2023. Un courrier a pourtant été adressé au préfet le 17 avril, en recommandé avec accusé de réception. Plusieurs habitants sont excédés par la situation. D’après l’un d’eux, un résident est obligé d’aller dormir chez ses parents dès qu’il y a une soirée pour éviter les nuits blanches. Sans compter la crainte des représailles en cas de dépôt de plainte ou de vocifération. Le propriétaire de la villa est, en effet, décrit comme agressif dès lors que la situation lui est défavorable.

« Il y a des riverains qui se plaignent mais nous ne sommes pas hors la loi. Une procédure est en cours avec des avocats », lance Madame Gautier avant de précipiter la fin de l’échange. Une prochaine soirée est prévue le samedi prochain. Les places sont en vente en ligne.