Une plage fermée après un orage à Perpignan ; les sites de baignade dans la Seine inaccessibles après des pluies à Paris ; un drapeau violet, signe de pollution, hissé à Marseille après des averses… Les zones de baignade sont souvent fermées après des intempéries. Et même si elles restent accessibles et que le soleil fait son retour, 20 Minutes vous explique pourquoi il est conseillé d’attendre avant de se jeter dans les eaux de mer, de lac ou de rivière après une averse.

Bactéries et détritus

« Qu’est-ce qui engendre une contamination de l’eau ? Outre le rejet direct d’eaux usées ou une pollution ponctuelle liée à un accident, c’est la pluie. Elle peut causer des débordements d’eaux usées et un ruissellement, donc un lessivage des chaussées qui se déverse jusqu’aux eaux de baignade », décrypte Raphaël Grisel, directeur du GIPREB, syndicat mixte de l’étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône, qui compte 15 plages.

Une pluie intense peut en effet provoquer un phénomène de lessivage des sols, c’est-à-dire le transport des éléments (pesticides, déjections animales ou diverses autres saletés). Une partie de cette eau s’infiltre dans le sol tandis que l’autre ruisselle vers les cours d’eau, charriant bactéries invisibles et déchets, avant d’aboutir dans la mer et les océans.

Et c’est ainsi que l’on retrouve dans l’eau des bactéries liées à la matière fécale, tels que les entérocoques intestinaux ou E. coli. Mais la pollution peut aussi être visuelle : à Marseille, la plage située à l’embouchure de l’Huveaune, fleuve qui prend sa source dans le massif de la Sainte-Baume, est par exemple surnommée « épluchures beach » car on y retrouve toutes sortes de détritus après les jours de pluie.

« Toilettes géantes »

Mais il n’y a pas que sur le littoral urbanisé que la pluie, lessivant les trottoirs sales, peut provoquer des contaminations. Le lien entre pluie et développement des bactéries dans l’eau, Fabrice Hamon l’a aussi établi depuis quelques années à Landunvez, dans le Finistère. Depuis plusieurs années, il contrôle régulièrement la qualité de l’eau du Foul, cours d’eau qui coule dans son jardin avant d’aller rejoindre la mer au niveau de la plage du Château. « On voit le ruisseau gonfler ou se dégonfler au gré des pluies, indique le riverain. J’ai vu des couleurs pas très sympathiques, voire des odeurs… »

A force de prélèvements, celui qui a fondé son application et son site internet de suivi en temps réel, Météo Bactério, remarque que le niveau de bactéries monte en flèche au printemps et en été, avant de baisser à l’automne et de s’améliorer en hiver. Il fait alors le lien avec les épandages de lisiers dans les champs voisins. « La pluie pollue quand il y a quelque chose à lessiver, explique-t-il. C’est comme des toilettes à ciel ouvert qui attendent qu’on tire la chasse d’eau. » De quoi décourager les nageurs les plus motivés.

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Pour éviter les contaminations, certains adoptent un principe de précaution. « Dans l’étang de Berre, notre procédure est d’opérer une fermeture préventive de 24 heures, sans prélèvements, dès que la pluie dépasse 10 mm cumulés, explique Raphaël Grisel, du GIPREB. Sur un sol chaud, c’est à partir de cette quantité qu’il y a du ruissellement ». Pour établir ce délai, les équipes ont réalisé des prélèvements après des orages afin d’observer la décroissance bactérienne. Ils ont ainsi remarqué que dans 95 % des cas, 24 heures après la pluie, les eaux retrouvaient une qualité sanitaire « excellente ».

L’année dernière, l’Agence régionale de santé (ARS) Paca, citée par BFMTV, rappelait qu’il était déconseillé de se baigner « dans un délai de 72 heures après chaque forte intempérie ».