Ils se sont vus, ils se sont parlé mais ils ne sont pas tombés d’accord. Entre l’élu métropolitain Luc de Saint-Sernin et Guy Dauliach, résident du chemin de la Batterie basse, le courant ne passe plus.

En cause: des travaux envisagés par TPM au début de cette route étroite qui mène à l’anse Méjean, pour reconstruire un vieux mur de soutènement écroulé au printemps 2024.

Ce chantier de voirie nécessiterait, d’après la collectivité, de couper deux chênes situés en lisière du terrain de Guy Dauliach, habitant la propriété juste au-dessus. Pour ce riverain, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un sacrilège.

« Massacrer des arbres bicentenaires, c’est inacceptable », s’énerve-t-il. « Il y a forcément d’autres solutions techniques envisageables, comme de reconstruire un mur qui entourerait les chênes. À l’heure où on parle de réchauffement climatique, de végétalisation des villes, TPM ne veut rien savoir! En plus, ils souhaitent mettre à la place un ouvrage particulièrement laid, tout gris, en béton projeté, plutôt qu’en pierres ».

« Le cabinet d’expertise recommande de les couper »

Pour Luc de Saint-Sernin, le problème n’est pas aussi simple que ça.

« Nous avons fait appel au cabinet d’expertise en géotechnique ERG qui préconise, pour reconstruire le mur et sécuriser le talus, d’enfoncer des clous de six à neuf mètres de long dans les tréfonds de la propriété de Monsieur Dauliach. Ensuite, l’idée est d’accrocher une grille sur la paroi et de la recouvrir de béton. C’est une solution courante dans ce genre de cas. Le souci, c’est que les clous risquent de percer les racines des arbres. Le cabinet recommande donc de les couper pour éviter qu’un jour, ils ne s’écroulent brutalement sur la chaussée. »

Pourquoi ne pas s’exonérer de l’avis du bureau d’études? « Si ça se passe mal, ce serait à nos risques et périls. Et puis ce sont eux, les spécialistes. »

Le conseiller municipal et métropolitain précise toutefois qu’un troisième arbre situé dans le périmètre, un chêne-liège, pourra être épargné.

Et que tout sera fait pour qu’une solution à l’amiable soit trouvée avec le riverain, lequel doit donner son accord pour que les travaux impactant son terrain puissent débuter.

Le calendrier initial évoquait un premier coup de pioche en septembre, avec fermeture de la route pour un mois, et un chantier avoisinant les 400.000 euros. Mais au final, rien n’est moins sûr.

Le diagnostic complémentaire du cabinet d’expertise a confirmé le premier: la mise en œuvre d’une paroi clouée pour conforter le talus serait incompatible avec le maintien desdits arbres.

Et même si Guy Dauliach a tout intérêt à un ce qu’un nouvel ouvrage soit construit pour protéger sa propriété, sa « position ne variera pas »: « Il faut tout faire pour que ce patrimoine inestimable, dans ce magnifique quartier, ne disparaisse pas. » Résultat, « ça risque de partir aux affaires juridiques », soupire l’élu.

Qui promet: « Le but n’est évidemment pas d’abattre des arbres mais de tout faire pour retenir le talus et garantir la sécurité des usagers à cet endroit. ». L’un des plus touristiques de Toulon… et des plus verts.