Les urgences psychiatriques sont souvent en large hausse pendant l’été. Aurélie Schandrin, psychiatre au CHU de Nîmes, rend compte des conséquences psychologiques de la canicule.

« Le CHU est en tension depuis juin. Il y a beaucoup de consultations aux urgences psychiatriques en ce moment, et l’unité d’hospitalisation est remplie », explique Aurélie Schandrin, psychiatre à Nîmes.

Dans les périodes de températures extrêmes, les taux de suicide sont en large augmentation. Une étude parue dans l’American Journal of Epidemiology, en 2022, corrobore ce lien de causalité entre chaleur et suicide. « Plusieurs études ont tenté de montrer une association entre la température et le suicide. La grande majorité des analyses […] étaient en faveur d’un risque accru de suicide avec des températures ambiantes plus élevées », peut-on lire dans l’article.

Le Dr Schandrin confirme : « La chaleur extrême est un facteur de stress général qui amène plus de soucis sur la santé mentale dans la population. Ça aggrave le stress, les troubles du sommeil, l’irritabilité… »

La canicule a un impact encore plus important sur les personnes déjà concernées par des troubles psychiques. « Certaines peuvent gérer le stress avec plus de difficultés, on n’est pas tous égaux dans la santé mentale ».

La psychiatre constate notamment ce phénomène chez les jeunes adultes, patientèle dont elle s’occupe. L’été est plus propice aux sorties et, donc, à la consommation de substances, comme l’alcool ou la drogue, ou, à l’inverse, peut être une période d’isolement pour certaines personnes.

Redoubler de vigilance en cas de prise de psychotropes

« Durant les fortes chaleurs, il y a aussi des complications somatiques qui s’accompagnent parfois de problèmes psychiques », explique-t-elle.

La déshydratation, quand elle est très importante, peut entraîner une confusion, des hallucinations, augmenter la fréquence cardiaque et les palpitations.

Les personnes anxieuses sont donc plus en difficulté puisque ces symptômes peuvent déclencher et amplifier un état d’anxiété.

La psychiatre conseille surtout aux personnes qui prennent des psychotropes, comme les antidépresseurs et les antipsychotiques, de « redoubler de vigilance en été ». Ces médicaments modifient le ressenti et la capacité d’adaptation à la chaleur, ce qui peut entraîner des malaises et une importante déshydratation.

Les numéros d’urgence ne s’arrêtent pas l’été

En plus de la chaleur, l’été est un moment de difficulté pour les personnes plus vulnérables. C’est la période des vacances pour les professionnels de santé, il est donc plus difficile de trouver une aide médicale. Ce manque d’accompagnement lors d’un début de crise est un facteur aggravant.

En cas de besoin, il est important de contacter les numéros d’aide comme le 3114, numéro national de Prévention du suicide, la ligne de SOS Suicide au 01 45 39 40 00 ou celle de Suicide Écoute au 01 45 39 40 00.