REPORTAGE – Le troisième étage de l’hôpital Lariboisière accueille chaque année en urgence 10.000 patients qui souffrent de violents maux de tête. Grâce à des protocoles spécifiques, ce petit centre peu connu des généralistes leur apporte un vrai soulagement.
Recroquevillé sur sa chaise, Dinesh* grimace. Résolument mutique, le visage figé par un rictus de douleur, le petit homme enserre d’une main sa tête sur laquelle ses doigts martèlent à intervalle régulier. Une toux étouffée rompt le silence engourdi de la salle d’attente : au bruit, Dinesh se crispe. Sa jambe tressaille, il souffle fort, agrippe le bras de la jeune fille assise à ses côtés qui se lève et accoste — en chuchotant — la secrétaire médicale. «Madame, excusez-moi, mais mon père, là, il n’est vraiment pas bien, il me dit de vous dire que son mal de tête empire, je pense qu’il faut faire quelque chose…», avise-t-elle en pointant du doigt le quinquagénaire, qui ne parle certes pas français mais s’évertue à mimer d’une main tremblante un couteau qui se plante dans son œil.
Ils sont plusieurs, l’air aussi vaincu que Dinesh, à patienter ce matin dans la salle d’attente du centre d’urgence des céphalées, au troisième étage de l’hôpital Lariboisière AP-HP, dans le 10e arrondissement de Paris. Sur quelques dizaines de mètres carrés tamisés d’éclairage vert, s’étend ici le seul centre de France spécialisé dans le traitement des maux de tête. Peu connu des médecins généralistes et des malades eux-mêmes, ce petit centre accueille chaque jour quelque 35 malades en crise, pour lesquels il constitue un formidable espoir d’obtenir, enfin, un diagnostic.
«Céphalée suicidaire»