Si cette information venait à se confirmer dans les faits, elle marquerait une certaine forme de rupture dans la stratégie de Taiwan concernant ses productions avancées de puces. Depuis des années et encore ces derniers mois, le gouvernement insistait sur le bienfondé de sa stratégie Silicon Shield permettant d’apporter une certaine sécurité à l’ile. En quelques mots, l’idée est de garder un certain monopole dans la production avancée de puces sur l’ile afin d’en assurer sa sécurité. Toute attaque aurait pour conséquence de paralyser le commerce mondial et les intérêts vitaux de certains pays.

Les USA en voie d’être autonome sur la production de puces

Mais la réalité c’est que l’incertitude politique qui pèse sur Taïwan est aussi un danger pour TSMC qui ne souhaite pas que la concurrence se développe avec d’autres arguments et notamment la sécurité de l’approvisionnement. Un récent rapport interne à l’entreprise dévoile que TSMC souhaite accélérer sa croissance aux États-Unis. L’entreprise prévoirait de produire plus de puces 2 nm aux USA ainsi que ses prochains process avancés. Au bilan TSMC souhaite localiser pas moins de 30 % de sa production avancée aux USA. Le PDG de TSMC indique aussi que son entreprise va créer des installations de conditionnement de puces avancées et un centre de R&D dans le pays, confirmant les engagements d’investissements de 100 milliards de dollars pris avec le président Trump. Si cet investissement était déjà acté, l’arrivée massive des process avancés de TSMC sur le sol américain fait débat dans les cercles politiques taïwanais.

A Taïwan, certains accusent TSMC de trahison.

Au bilan les USA disposeraient d’une chaine d’approvisionnement totalement autonome sur leur territoire. Mais cette décision de l’entreprise suscite de très vives critiques à Taiwan. Des accusations de trahison ont été formulées par certains analystes et politiques de l’île. Certains dénoncent une capitulation face à la volonté américaine, d’autres s’inquiètent de l’abandon de la stratégie du Silicon Shield et des dangers qui pourraient en résulter. Dans cette logique, les milieux chinois ne sont pas avares en commentaires. Le professeur Zhu Songling de l’Université de l’Union de Pékin souffle sur les braises. Pour lui, cette tendance risque de mener à une absorption progressive de TSMC par les États-Unis. Si d’autres voix tentent de nuancer en constatant que l’implantation de TSMC aux États-Unis ne devrait représenter que 5 à 7 % de la production totale de l’entreprise, ces polémiques risquent d’alimenter l’actualité de l’ile dont la prochaine élection présidentielle est programmée en 2028.

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