Ce symptôme discret que le foie envoie quand il est déjà en souffrance

Chaque année, près de 11 000 nouveaux cas de cancer du foie sont diagnostiqués en France, selon Santé Publique France. La majorité concernent des hommes de plus de 50 ans, mais la tendance évolue : les formes silencieuses, liées à des maladies du foie non alcooliques, progressent aussi chez les femmes et les plus jeunes. En cause : l’alimentation, la sédentarité, et surtout… le retard de diagnostic.

Le foie est un organe discret, qui ne se plaint presque jamais. C’est justement ce qui le rend dangereux lorsqu’il commence à faiblir. Le symptôme que beaucoup remarquent trop tard ? Une fatigue persistante, inhabituelle, accompagnée parfois de douleurs diffuses sous les côtes ou d’un teint jaunâtre. Ces signes surviennent souvent quand les lésions hépatiques sont déjà installées.

Fatigue, nausées, ballonnements : quand le foie tire la sonnette d’alarme

Le carcinome hépatocellulaire, le type de cancer du foie le plus courant, évolue souvent sur un terrain de maladie chronique : hépatite, cirrhose, ou stéatohépatite non alcoolique (NASH). Et dans ces cas-là, le premier indicateur visible n’est pas une douleur aiguë, mais un malaise général persistant, que les patients interprètent souvent comme une fatigue passagère.

Selon une étude de l’Inserm publiée en 2023, plus de 60 % des cas diagnostiqués à un stade avancé présentaient depuis plusieurs mois une asthénie inexpliquée, parfois associée à une perte d’appétit ou une perte de poids légère mais continue. D’autres évoquent une sensation de gonflement de l’abdomen, signe d’un foie qui commence à se distendre ou d’une ascite débutante.

Le foie ne contenant presque pas de nerfs, la douleur n’est pas un signal précoce. Elle n’apparaît que lorsque la capsule de Glisson (l’enveloppe du foie) est distendue, ou quand des complications surviennent. C’est pourquoi la vigilance repose sur des symptômes souvent peu spectaculaires, mais révélateurs.

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Fatigue persistante, perte d’appétit ou gêne abdominale : ces signaux souvent ignorés peuvent trahir un foie déjà fragilisé.

Cancer du foie : les signes qui doivent pousser à consulter (et à faire un bilan hépatique)

Lorsqu’ils s’installent de manière durable — plus de 15 jours — ces signaux doivent motiver une consultation. Voici les principaux symptômes observés dans les phases précoces ou intermédiaires d’atteinte hépatique :

  • Fatigue persistante, même après une bonne nuit de sommeil

  • Perte d’appétit ou sensation de satiété rapide

  • Perte de poids involontaire (même modérée)

  • Douleurs sourdes sous les côtes droites

  • Ballonnements fréquents ou gonflement abdominal

  • Nausées légères mais récurrentes

  • Coloration jaune des yeux ou de la peau (ictère)

  • Urines foncées ou selles très claires

Pris isolément, ces signes peuvent être bénins. Mais leur association ou leur persistance doit conduire à un bilan hépatique, souvent simple : prise de sang avec transaminases, gamma-GT, bilan de coagulation, échographie abdominale. En cas de doute, un fibroscan ou une IRM hépatique sont prescrits.

Cancer du foie : pourquoi ce cancer progresse (et comment agir plus tôt)

Le cancer du foie est en forte progression depuis dix ans, selon l’Institut National du Cancer, notamment à cause de l’augmentation des maladies métaboliques (diabète de type 2, surpoids, NASH). On estime qu’au moins 6 millions de personnes en France ont un foie gras sans le savoir, dont une partie évoluera en fibrose ou cirrhose, terrain propice au développement tumoral.

D’où l’importance d’un repérage précoce, notamment chez les personnes à risque : antécédents d’hépatite B ou C, consommation régulière d’alcool, obésité abdominale, antécédents familiaux. Car lorsqu’il est détecté à un stade précoce, le cancer du foie peut être traité efficacement, parfois même par ablation ou traitement local.

À l’inverse, l’apparition de signes cliniques visibles signifie souvent que le processus est déjà avancé, ce qui réduit les options thérapeutiques. Chaque signal envoyé par le corps est donc une opportunité de réagir à temps.

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Un simple bilan sanguin suffit parfois à détecter les premiers signes d’un foie en souffrance, avant l’apparition de complications graves.