l’essentiel
En décembre dernier, six hommes se sont introduits au domicile d’un collectionneur pour y dérober des œuvres de Bernard Buffet. La police a finalement mis la main dessus. Parmi ces toiles, les fameux clowns qui font la renommée du peintre.
La Dépêche avait révélé l’affaire : onze toiles disparues en décembre dernier dans le Gers, retrouvées six mois plus tard à Marseille. Et pas n’importe quelles toiles, elles étaient toutes signées du célèbre peintre Bernard Buffet. Deux de ces œuvres, estimées à plusieurs centaines de milliers d’euro, faisaient même partie de sa fameuse série de clowns : Le Clown au pot de chambre et Le Clown militaire, tout deux deux datatant de 1968.
À lire aussi :
RÉCIT. Tableaux de Bernard Buffet volés : une nuit d’effroi pour le collectionneur gersois qui est resté caché pendant le cambriolage
Au cours de sa vie, l’artiste a enchaîné les portraits de ces personnages maquillés, qui ont participé à sa renommée. Un clown, chez Buffet, n’a rien de comique. C’est un masque tragique, une grimace d’époque. Traits noirs anguleux, regards vides ou noyés, couleurs éteintes : ces figures font pleurer la peinture elle-même.
Affiches et calendriers
Les clowns de Buffet prennent naissance dans l’après-guerre. Leur désolation trouve un écho particulier dans ce contexte. Ainsi, le peintre français transgresse les frontières de l’art moderne et l’art classique et s’installe comme un pionnier de l’art contemporain. Il est même comparé à Picasso.
Les œuvres de Buffet séduisent par leur intensité. Elles ont ainsi été reproduites en affiches, en calendriers… ce qui a contribué à accroître leur notoriété. Comme les Tournesols pour Van Gogh ou les Nymphéas pour Monet, les clowns deviennent sa signature. Les collectionneurs veulent alors mettre la main sur du « Buffet par excellence ». Les prix s’envolent et atteignent plusieurs centaines de milliers d’euros par tableau.
Méprisés par la critique
Parfois jugé trop commercial ou trop triste (et parfois incompris), le clown ne fait pas toujours l’unanimité du vivant de l’artiste, mort en 1999 dans le Var. Les critiques d’art pointaient notamment du doigt le manque d’innovation d’un tableau sur l’autre. Or, son caractère immuable est l’essence même de la solitude telle que dépeinte par Buffet.