Comment une amitié a-t‑elle pu naître entre la sœur du père Hamel, le curé de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) sauvagement assassiné dans son église le 26 juillet 2016, et Nassera Kermiche, la mère d’Adel, l’un des deux jeunes terroristes qui ont égorgé le prêtre de 85 ans à la fin de la messe avant d’être abattus par la police ? Neuf ans après le drame, la réponse est peut-être dans le titre du bouleversant Sœurs de douleur *, déjà tiré à 15. 000 exemplaires, que Roseline Hamel et Nassera Kermiche ont écrit avec Samuel Lieven, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le Pèlerin.

Dans ce récit à trois voix paru au printemps, la douleur occupe la première place. Douleur de la communauté nationale après un acte barbare** qui s’ajoute alors à la pire série d’attaques terroristes que le pays ait connue  : début 2015 en Île-de-France (Montrouge, Charlie Hebdo et Hyper Cacher, 7-9 janvier, 17 morts) ; le 13 novembre 2015 à Paris (Stade de France, terrasses et Bataclan, 130 morts) ; le 14 juillet 2016 à Nice (86 morts). « Attaquer une église, tuer un prêtre, c’est profaner la République », déclare le soir même depuis l’Élysée -François Hollande, alors chef de l’État.