La restauration de l’immeuble Poirier
À l’angle de l’avenue Janvier et de la rue Duhamel, un immeuble d’angle se détache par son décor signé Odorico, en mosaïques composé de tesselles d‘ or, bleues et grises. Un édifice exceptionnel qui doit de sa splendeur au travail de restauration de Michel Patrizio, mosaïste de la troisième génération de l’atelier italien Patrizio.
Tout débute en 1928 quand Jean Poirier, architecte, coordonne la construction de cet édifice de cinq étages qui prendra son nom. C’est alors que l’entreprise Odorico, sous la main d’Isidore fils, est appelée pour réaliser le décor avant du bâtiment. Le revêtement est cantonné au premier étage, aux allèges des fenêtres et aux frontons.
L’immeuble est aujourd’hui un point d’étape majeur pour découvrir Odorico à Rennes. (Photo Kévin Storme)
Si aujourd’hui le bâtiment conserve sa fière allure, c’est grâce à une réhabilitation d’ampleur, démarrée en 2016. Il en avait bien besoin : deux incendies, des tesselles de mosaïques qui tombaient régulièrement sur le trottoir et des couleurs ternies par la pollution… Le chantier est confié à un mosaïste marseillais, Michel Patrizio, dont la famille est originaire du même village du Frioul que celle d’Odorico. Sur certaines parties du décor, le support a dû être refait à neuf pour accueillir les tesselles. Les carreaux ont été restaurés et reposés à leur emplacement initial quand d’autres, trop endommagés, ont été remplacés par des tesselles du stock Odorico et de la maison Patrizio.
Une mosaïque sous la moquette
Elle était tapie sous une ancienne moquette : le 15 janvier 2025, une mosaïque Odorico est retrouvée par hasard, dans un hôtel de Saint-Malo. Alors que les travaux de rénovation débutent au Jersey, les ouvriers découvrent un sol couvert de carreaux. Sur une dizaine de mètres carrés, la mosaïque est composée de tesselles aux tons bleus et ocres avec des motifs marins. L’établissement décide de conserver ce joyau et l’intègre à sa nouvelle décoration.
Une anecdote qui témoigne du passage en désuétude de la mosaïque après guerre. Résultats, de nombreuses créations, y compris celles d’Odorico, ont été cachées ou détruites. Aujourd’hui, la tendance est inverse : on expose à la lumière ce qui témoigne de l’histoire. Au passage, la découverte d’une œuvre Odorico chez des particuliers permet bien souvent de valoriser le bien immobilier…
Un terrazzo retrouve la lumière
Le sol du bar le Hibou grand duc, à Rennes, est longtemps resté recouvert. Aujourd’hui trône à la place un joli sol, remis au jour par les actuels gérants. L’établissement, situé dans le quartier la Californie, se situe à l’angle de la rue Joseph Sauveur, juste à côté de la maison de l’artiste italien.
Bien que les gérants du bistrot ne comptaient pas la détruire cette œuvre, la réhabiliter n’a pas été une mince affaire… Il a fallu gratter, poncer et décoller. Ils découvrent alors des carreaux bleutés et noirs en forme de rosace. La mosaïque est parfaitement intégrée à la décoration de charme. Rien d’étonnant à trouver là ce terrazzo : les lieux, avant de devenir un bar, abritaient les ateliers de l’entreprise familiale Odorico.
Un trésor derrière les murs
C’est derrière les étagères d’un magasin de cigarettes électroniques Class’Clope, à Rennes, que des mosaïques Odorico ont été découvertes. Situé au 7, place Sainte-Anne, le gérant de la boutique a eu la surprise de trouver cette merveille.
Lors de son installation dans un magasin place Sainte-Anne à Rennes en 2022, Yann Guelec avait découvert tout un mur orné de mosaïques Odorico. (Le Télégramme/Léa Le Denmat)
Une œuvre de l’artiste rennais Odorico fils mise en lumière lorsque des travaux de transformation sont réalisés dans l’ancien magasin d’optique. D’autres murs de mosaïques ont déjà été découverts dans la boutique. Et pour cause, l’intérieur du bâtiment était recouvert entièrement de carreaux de mosaïque dans les années 1930, une poissonnerie s’y était installée.