Par

Gabriel Kenedi

Publié le

20 juil. 2025 à 11h12

Qui défiera le maire sortant à Toulouse lors des élections municipales 2026 ? Alors que Jean-Luc Moudenc (divers droite, ex-LR), a depuis longtemps annoncé son intention de briguer un troisième mandat de suite au Capitole, la gauche ne manque pas de candidats ! L’hypothèse d’une candidature de Carole Delga, présidente (PS) de la Région Occitanie, s’étant refermée en début d’année, les partis politiques et mouvements citoyens tentent de s’organiser pour s’unir avant le premier tour… Mais combien y aura-t-il de listes à gauche en mars prochain ? Alors qu’en 2020, trois listes (Archipel Citoyen avec Antoine Maurice, le PS avec Nadia Pellefigue et Génération.S avec l’ex-maire Pierre Cohen) s’étaient présentées au premier tour, le scénario va-t-il se répéter en 2026 ? Six ans plus tard, le casting ne sera plus le même à gauche, où François Piquemal (LFI) semble vouloir mener une liste quoi qu’il arrive tandis que des discussions sont en cours entre les autres partis et mouvements citoyens pour mener une liste d’union de la gauche et des écologistes. À huit mois des élections, les prétendants sont légion… Alors, y aura-t-il une, deux ou trois listes ? Actu Toulouse fait le point sur les forces en présence à gauche. 

Le candidat déclaré : François Piquemal (LFI)

Le député François Piquemal arborant son écharpe tricolore, vendredi 24 juin 2022, sur le marché du Ravelin quartier Saint-Cyprien, à Toulouse
Le député François Piquemal est le candidat de LFI à Toulouse. (©G.L. / Actu Toulouse)

À quelques mois de l’échéance électorale, le député insoumis François Piquemal est plus que jamais candidat à la mairie de Toulouse. Cible préférée de Jean-Luc Moudenc, qui a d’ailleurs porté plainte contre lui dans un début de campagne pour le moins délétère, l’ancien représentant du DAL 31 – qui s’était effacé au profit d’Antoine Maurice en 2020 lorsqu’il avait rejoint le mouvement Archipel Citoyen – semble cette fois-ci déterminé à aller jusqu’au bout de sa démarche. Bien implanté dans le paysage politique (il avait été réélu dès le premier tour des élections législatives 2024 dans sa circonscription), le député entend incarner « une gauche solide sur ses appuis »

Avec quelles alliances ? S’il a proposé aux écologistes la présidence de Toulouse Métropole en cas d’élection, le principal intéressé, Régis Godec, a refusé pour le moment, proposant « une autre méthode »…  En revanche, François Piquemal peut compter sur le ralliement surprise de l’ancien Motivé Salah Amokrane, qui avait été candidat à Toulouse en 2001, et de l’Assemblée des quartiers. Mais les autres partis politiques – NPA mis à part – semblent plus que réticents à l’idée de s’unir avec le représentant local de Jean-Luc Mélenchon, soit parce qu’ils l’accusent de faire bande à part, soit pour des raisons de clivages idéologiques. Mais personne ne souhaite couper totalement les ponts avec un candidat qui peut légitimement penser qu’il réunira suffisament de voix à lui seul pour atteindre le second tour.  

« Nous, on propose un programme de rupture à la politique de Jean-Luc Moudenc, sur la base du programme du Nouveau Front populaire », martèle de son côté François Piquemal. À quelques mois des municipales, il apparait cependant peu probable que toutes les composantes de la gauche toulousaine se réunissent dans un mouvement similaire au Nouveau Front Populaire (qui avait fait un raz-de-marrée à Toulouse aux élections législatives 2024, ndlr), derrière François Piquemal… et tout aussi improbable que le député insoumis retire sa candidature ! 

Il ne cache plus son ambition : François Briançon (PS)
François Briançon se sent
François Briançon se sent « prêt à être maire de Toulouse » et fait acte de candidature aux élections municipales 2026. (©DR)

Après le renoncement – plutôt attendu – de Carole Delga, c’est désormais lui le représentant du parti socialiste à Toulouse. Et comme il l’a affirmé dans un entretien à Actu Toulouse, François Briançon ambitionne d’être maire de Toulouse en prenant le leadership d’une liste qui rassemblerait les principaux partis de gauche (Les Écologistes, le parti communiste, Génération.s, le PRG, Place Publique)… sauf LFI. C’est d’ailleurs le sens de la lettre qu’il a envoyée aux Toulousains, début juillet. 

« Je sais pertinemment que je ne suis pas le seul à avoir cette ambition. Mon objectif, à travers cette lettre, n’est pas de m’imposer, car je les respecte trop pour cela, mais de créer les conditions de la discussion. Je souhaite qu’à la fois les personnalités brillantes comme Romain Cujives et les partis politiques que l’on a cités puissent se retrouver et travailler ensemble à l’élaboration d’une plateforme programmatique« , explique-t-il. 

Comme François Piquemal, l’ancien adjoint de Pierre Cohen (maire PS de Toulouse entre 2008 et 2014) a, lui aussi, proposé à Régis Godec, le chef de file des écologistes, de prendre la tête de la Métropole pour mener à bien une politique de « bifurcation écologique ». Et d’ajouter : « Je ne doute pas un seul instant qu’on arrive à un accord ». Là, encore, Régis Godec n’a pas dit oui pour le moment, proposant plutôt « une autre méthode ». 

Il est courtisé par tout le monde : Régis Godec (Les Écologistes)
Régis Godec a été désigné chef de file des écologistes par les militants de son parti pour la campagne des Municipales 2026.
Régis Godec a été désigné chef de file des écologistes par les militants de son parti pour la campagne des Municipales 2026. (©Facebook / Régis Godec)

S’il y a bien un potentiel candidat qui est courtisé à gauche, c’est lui : Régis Godec, chef de file des Ecologistes, apparait au centre du jeu en cette phase de pré-campagne et de discussions. LFI et le PS lui ont proposé la présidence de Toulouse Métropole et plus récemment, le mouvement Archipel Citoyen a voté en faveur d’un ralliement aux Écologistes dès le premier tour plutôt qu’à La France Insoumise. Suffisant pour créer une dynamique autour de lui ? C’est ce qu’espèrent les Ecologistes. 

« Avec Archipel Citoyen nous proposons aux forces politiques de gauche et écologistes, qui se reconnaissent dans notre projet et notre méthode, de former rapidement une liste commune pour les élections municipales » ont d’ailleurs souligné Régis Godec et Hélène Cabanes (la co-cheffe de file), après le ralliement d’Archipel.

« Ensemble nous proposons un dispositif de désignation interne aux formations parties prenantes qui permettra non seulement de composer la liste dans le respect de chaque formation, mais aussi de désigner le candidat ou la candidate pour les fonctions de Maire et de Président de la Métropole ».  Ancien adjoint de Pierre Cohen, Régis Godec ne désespère pas d’arriver à unir la gauche… ce qui ne l’a pas empêché de présenter ses premiers colistiers. Plutôt qu’un accord politique entre une ou deux formations, l’Écologiste propose donc « une autre méthode » :

« Que cette liste s’entende sur un projet, qu’elle définisse une coalition politique pour qu’après la rentrée, on tranche. L’objectif, c’est qu’à l’automne, il puisse y avoir des candidats et candidates à cette gouvernance partagée entre la Ville et la Métropole ». Mais ladite méthode, qui a séduit Archipel Citoyen, conviendra-t-elle à tout le monde, et notamment au PS, qui s’estime jusqu’ici « incontournable » ? 

Ils proposent leur candidature : Romain Cujives… 
Romain Cujives veut que le sacurité des femmes soit
Romain Cujives veut que le sacurité des femmes soit « l’une des priorités du mandat ». (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)

Eux aussi faisaient partie de l’équipe de Pierre Cohen entre 2008 et 2014. Et eux aussi entendent jouer un rôle à gauche pour ces élections municipales. Romain Cujives (ex-PS), faisait partie du mouvement Archipel Citoyen en 2020… S’il ne fait pas de sa candidature à la tête de liste « un préalable », il ne dit pas non non plus. « J’ai cette capacité, je crois, à parler à tout le monde et respecter tout le monde », souligne-t-il. En attendant, le jeune quadragénaire a présenté ses 25 premières propositions pour Toulouse. Et il espère que son positionnement hors partis sera un atout pour unir la gauche hors LFI.

« Je souhaite que ces propositions soient portées dans un spectre le plus large possible, du PRG à Place Publique, de Tous pour Toulouse à Génération.S, du parti communiste au parti socialiste, jusqu’aux Écologistes. C’est dans ce rassemblement de partis que je veux m’inscrire ! ». Un rassemblement qui devra être complété « par les initiatives citoyennes qui fourmillent à Toulouse », dans le but de bâtir « une alternative » à Jean-Luc Moudenc. 

… et Isabelle Hardy (Génération.S)
Isabelle Hardy estime avoir
Isabelle Hardy estime avoir « l’expérience » et « l’envie » pour incarner et mener une liste d’union de la gauche et des écologistes à Toulouse. (©Gabriel Kenedi / actu Toulouse)

Quant à Isabelle Hardy, qui avait rejoint Archipel Citoyen lors du second tour en 2020, elle s’inscrit aussi dans une union de la gauche sans LFI, prenant acte pour le moment que François Piquemal ait décidé de « partir tout seul ». La cheffe de file de Generation.S propose elle aussi sa candidature à la tête de liste, estimant avoir « l’envie » et « l’expérience ».  « Aujourd’hui, il n’y a pas de parti hégémonique à gauche et on ne peut plus faire l’union uniquement par un rapport de force. Les gros partis ne doivent pas piétiner les autres », estime l’intéressée qui voudrait « qu’on évite une guerre fratricide entre le PS et LFI ». Faire partie d’un « petit parti » comme Generation.S pourrait être un atout, selon elle, pour fédérer les différents courants au sein de la gauche. Et elle avertit : « Trois listes à gauche, ça serait suicidaire ! ». Que fera-t-elle si LFI, le PS et les Ecologistes présentaient chacun une liste ? Elle n’a pas répondu clairement à ce jour… 

Ils veulent travailler avec Les Écologistes : Archipel Citoyen 
Archipel Citoyen va lancer sa recherche de citoyens pour constituer un collège et dit être prêt en cas de désaccord pour élire une tête de liste à gauche. Dans ce cas, Maxime Le Texier se portera candidat à la candidature.
Archipel Citoyen va lancer sa recherche de citoyens pour constituer un collège et dit être prêt en cas de désaccord pour élire une tête de liste à gauche. Dans ce cas, Maxime Le Texier se portera candidat à la candidature. (©Maréva Laville / Actu Toulouse)

En 2020, le mouvement Archipel Citoyen avait réussi à fédérer les citoyens et les partis – malgré leur réticence initiale – pour unir la majorité des forces de gauche (hors PS). Avec un succès mitigé, sur le plan électoral et politique, puisque Antoine Maurice avait échoué à déloger Jean-Luc Moudenc après avoir viré en tête à gauche au soir du premier tour d’une élection marquée par l’irruption de la pandémie du Covid-19.

Archipel, qui est devenu un parti politique à part entière, a choisi de s’allier avec Les Ecologistes dès le premier tour des élections municipales. « Les adhérentes et adhérents d’Archipel Citoyen ont choisi de s’engager dans une alliance de premier tour avec Les Écologistes (LE), en vue des élections municipales de 2026. Cette coopération de nos mouvements a pour objectif de favoriser l’émergence d’une liste de rassemblement de la gauche et des écologistes la plus large possible« , a expliqué Archipel, le 12 juillet dernier.

Tout en expliquant vouloir « continuer à échanger étroitement » avec LFI et François Piquemal. Archipel Citoyen, dont le poids politique s’est étiolé six ans après les Municipales 2020, renonce donc à conduire une liste autonomne.  « Le cadre de l’accord avec Les Écologistes respecte nos principes essentiels : gouvernance partagée, co-construction du programme, reconnaissance de la société civile, ouverture à l’élargissement, et désignation collective de la tête de liste », ont rappelé les portes-paroles d’Archipel, qui avait choisi Maxime Le Téxier, conseiller municipal d’opposition, pour mener à bien les discussions avec les autres partis. 

Le PC veut unir la gauche
Pierre Lacaze, Inès Goffre-Pedrosa et Axel Loscertales, membres du Parti communiste à Toulouse, entendent porter une autre voie pour les Municipales 2026
Pierre Lacaze, Inès Goffre-Pedrosa et Axel Loscertales, membres du Parti communiste à Toulouse, entendent porter une autre voie pour les Municipales 2026 (©G.L. / Actu Toulouse)

Depuis le début de l’année, le parti communiste se pose en rassembleur d’une gauche qui peine encore à trouver le chemin de l’union. Avec une conviction : il y a une autre voie à prendre que la carte « solo » jouée par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui, d’après eux, envoie ses troupes au casse-pipe.

Deux chefs de files ont été nommés pour mener à bien les discussions : Inès Goffre-Pedrosa et Pierre Lacaze.  Des chefs de file destinés « potentiellement à conduire, l’un ou l’autre, une liste de rassemblement » de la gauche, « ou du Parti communiste si nous n’arrivons pas à l’unité », mettait en garde Pierre Lacaze en février. Qui ajoutait : « On regrette la position nationale de La France insoumise de ne pas travailler avec le Parti socialiste. Nous, on veut travailler avec le PS, comme avec toutes les forces de gauche ». 

Les 69 Toulousaines appellent à l’union de la gauche 

Elles se décrivent comme des citoyennes engagées, militantes associatives, syndicalistes ou mêmes élues… 69 Toulousaines ont lancé un appel en début d’été pour une « Toulouse féministe, écologiste et populaire » et marcheront le 16 septembre prochain pour prôner l’union de la gauche et des écologistes. Parmi elles, on retrouve notamment les conseillères municipales Hélène Magdo (LFI) et Caroline Honvault (Archipel Citoyen). 

« Nous marcherons dans Toulouse mardi 16 septembre, avec toutes les Toulousaines et tous les Toulousains qui, comme nous, veulent une majorité de gauche dans cette ville de gauche. Nous marcherons pour les femmes à Toulouse, et pour tou·te·s ses habitante·s. Nous marcherons car nous disons assez à l’immobilisme conservateur qui sévit dans notre ville », préviennent-t-elles. 

Le NPA veut aussi l’Union 

Pour ces Municipales 2026, le NPA, lui aussi, prône l’union de la gauche pour « en finir avec les années Moudenc ».  « Face à Moudenc et à l’extrême droite, nous pouvons gagner ! Nous pouvons gagner si nous nous regroupons largement autour d’une déclinaison locale du programme du Nouveau Front Populaire. Son centre de gravité représente une rupture positive pour la majorité de la population, les travailleurs, les classes populaires. Il s’agit bien d’un programme qui rompt avec la gestion sociale-libérale représentée par la présidente de région, Carole Delga », lance le Nouveau Parti Anticapitaliste.

Dans cette optique, deux chefs de files ont été désignés : Thomas Sommer et Madeleine Parpet.  « Le NPA s’adresse à tous les partenaires du NFP, les partis, mais aussi les syndicats
et les associations progressistes, pour trouver le chemin de l’unité autour
d’un programme radical offrant une perspective désirable pour une majorité de
toulousains et de toulousaines », ajoutent-ils. 

Nadia Pellefigue : discrète candidature
La LGV, un gros point de discorde entre Nadia Pellefigue et Antoine Maurice avant le 2e tour
La LGV, un gros point de discorde entre Nadia Pellefigue et Antoine Maurice avant le 2e tour (©Archives / G.L. / Actu Toulouse)

Elle avait mené la liste socialiste en 2020 et avait échoué en troisième position au premier tour. L’ex-membre du PS (un parti qu’elle a quitté en 2022), Nadia Pellefigue a annoncé son souhait en février 2025 d’être à nouveau candidate en 2026.

Depuis, la vice-présidente de la Région Occitanie s’est fait assez discrète…« Personne ne la voit ! », raille-t-on en off à gauche à son sujet. Et il est vrai qu’elle n’a donné, contrairement à tous les autres mouvements, aucune conférence de presse depuis son annonce. 

Nadia Pellefigue place sa candidature sous le « sous le signe de l’indépendance et de la transparence ». En début d’année, elle précisait  : « Je suis une femme de gauche mais mon projet pour Toulouse n’est celui d’aucun parti politique ou camp dont les batailles stériles lassent les citoyens. » Autrement dit, elle ne semble pas s’inscrire dans une candidature de la gauche unitaire… Reste à savoir si elle trouvera d’autres alliés pour aller au bout de sa démarche. 

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