Depuis 8 h ce jeudi 17 juillet 2025, la file d’attente ne désemplit pas. Dans le centre des Restos du Cœur de la rue de l’Alma, à Rennes, les bénéficiaires de l’association fondée par Coluche en 1985 rentrent dans le local pour récupérer des légumes, des fruits, un peu de pain et de viande, mais aussi du lait et des couches pour bébé. « Et encore, c’est calme aujourd’hui, pondère Hervé Pépion, responsable du centre rennais. D’habitude, il y a une longue file d’attente sur le trottoir ».

Car depuis 2021 et la période covid, le nombre de personnes aidées par les Restos ne cesse de croître. « On arrive à saturation. Au niveau national, on est à 20 % d’augmentation de fréquentation depuis le covid. Ça se vérifie aussi à Rennes, où on est passé à 500 familles à venir par jour d’ouverture, pour 1 850 familles inscrites, explique Claude Sauze, président des Restos du Cœur d’Ille-et-Vilaine. Avant, on accueillait ces 500 familles sur les deux jours d’ouverture du centre. Et la situation est la même dans l’autre centre rennais, rue de la Donelière ».

Travail à la chaîne

Pour accueillir cet afflux supplémentaire de personnes dans le besoin, il faut des bénévoles. Problème, il en manque. « On compte 150 bénévoles au total à Alma. Pour bien accueillir les gens, il en faudrait 50 de plus », estime Hervé Pépion. Rue de l’Alma ce jeudi matin, les bénévoles sont là et multiplient les dons. À la chaîne.

« On n’a plus le temps de discuter avec les gens, créer du lien, regrette Isabelle, bénévole rue de l’Alma. Avant, chaque bénévole accompagnait le bénéficiaire dans le local, ça permettait de savoir s’il avait besoin d’une aide juridique, pour de l’insertion ou l’apprentissage du français. Désormais, chaque bénévole est à son poste de distribution et n’en bouge pas. On ne peut pas faire autrement ».

Un service dégradé qui a aussi des conséquences sur les bénévoles. « J’ai vu des bénévoles arrêter car elles sont épuisées. Nous sommes beaucoup de retraités et arriver au local à 7 h pour repartir à 16 h 30 quand on avance en âge, c’est parfois dur sur le long terme », observe Isabelle.

« Le rythme est trop élevé pour nos bénévoles »

Si le local situé à deux pas de l’arrêt de métro Jacques-Cartier est ouvert les mardis et jeudis, Claude Sauze souhaiterait pouvoir l’ouvrir une journée de plus pour faire face à la demande. « Le rythme est trop élevé pour nos bénévoles et pour pouvoir mieux accueillir, de façon plus chaleureuse, il faut qu’on trouve une solution pour septembre. »

Une nécessité qui va contraindre les Restos à s’adapter. « D’habitude, les bénévoles viennent à la journée. Mais pour permettre à plus d’actifs de s’investir, on va peut-être devoir faire des ouvertures du centre de 17 h à 20 h et accepter du bénévolat plus ponctuel, à la demi-journée par exemple ». En attendant d’éventuels renforts, l’association devra, exceptionnellement, fermer ses portes pendant deux semaines en août.