Parmi les 90 portraits, présentés au Couvent des Jacobins à Rennes, dans le cadre de l’exposition Les yeux dans les yeux , un tableau ne passe pas inaperçu. Celui d’une tête décharnée, au regard halluciné. L’œuvre porte la patte, reconnaissable entre toutes, de Jean-Michel Basquiat dont le coup de pinceau, lui-même possédé, frénétique semblait dicté par l’urgence. Un style que l’artiste américain avait hérité d’un début de carrière en tant que graffeur dans les rues de New York.
Jean-Michel Basquiat, l’ancien artiste de rue devenu référence dans l’art contemporain. © Maripol
Basquiat et ses démons
Réalisée en 1982, cette Tête d’un fou est l’une des attractions de l’exposition Les yeux dans les yeux, conçue autour du thème du regard et issue de la collection Pinault. Elle se tient jusqu’au 14 septembre, au Couvent des Jacobins.
Pour beaucoup, la toile est considérée comme un autoportrait de Basquiat, lui-même confronté à ses démons et que la consommation de drogue a fini par emporter. Sa carrière fut brève (l’artiste est décédé en 1988 à l’âge de 27 ans), sa gloire fulgurante et son œuvre riche (plus de 800 peintures et plus de 1 000 dessins).
À l’image de sa collaboration, particulièrement prolifique avec Andy Warhol, le roi du pop art. De 1983 à 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, décédé en 1987 à 58 ans, ont signé environ 160 toiles « à quatre mains », dont certaines parmi les plus grandes de leur carrière respective.
Basquiat admirait Warhol comme un personnage clé du monde de l’art. Warhol louait Basquiat pour lui avoir redonné goût à la peinture. Depuis, l’ancien graffeur, d’origine haïtienne, est devenu l’un des artistes américains les plus chers de l’histoire : en 2017, l’une de ses toiles a été adjugée aux enchères pour 110, 5 millions de dollars. En 2023, sa fructueuse collaboration avec Warhol avait fait l’objet d’une large rétrospective à la fondation Louis-Vuitton à Paris.
Jusqu’au 14 septembre, Les yeux dans les yeux, au Couvent des Jacobins, place Saint-Anne, à Rennes. Du mardi au dimanche, de 10 h à 19 h, mercredi, nocturne jusqu’à 22 h. Tarifs : 12 € (comprend aussi l’expo Claire Tabouret au musée des Beaux-arts), 7 € (réduit), gratuit pour les moins de 26 ans.