Après une longue plongée en apnée, les organisateurs des Vieilles Charrues peuvent enfin respirer. L’édition 2025 du festival, qui s’est déroulée du 17 au 20 juillet sur le site de Kerampuilh, à Carhaix (29), est un succès. Au total, l’événement a accueilli 264 000 festivaliers, dont 220 000 entrées payantes. Soit 14 000 personnes de plus qu’en 2024. « Nous sommes très heureux, confesse Jérôme Tréhorel, directeur général des Vieilles Charrues. C’est une marque de reconnaissance de la part des festivaliers. Cela nous donne de la force pour continuer à améliorer les conditions d’accueil et l’expérience sur le festival. » Après une année 2024 compliquée, car marquée par des conflits avec la municipalité de Carhaix, les organisateurs abordent le futur avec confiance : « Notre état d’esprit envers l’avenir est beaucoup plus serein aujourd’hui, confirme Jérôme Tréhorel. Voir le public fouler la prairie de Kerampuilh nous a mis du baume au cœur. Leurs sourires et leurs remerciements aussi. Ils ont suivi l’actualité des Charrues, ils savent que ça n’a pas été simple… Mais ils nous ont encouragés à continuer, tout comme les artistes ».
La 33e édition des Vieilles Charrues est à l’équilibre financier après une édition 2024 déficitaire. (Photo Vincent Le Guern)Une édition qui a réservé son lot de surprises
Cette année encore, l’équipe des Vieilles Charrues a dû gérer son lot d’imprévus. À commencer par la météo : « On est passés de la chaleur aux pluies diluviennes, rappelle Jérôme Tréhorel. Heureusement, cela n’a pas empêché la magie d’opérer. Nous avons vécu des moments de communion et de partage comme on ne peut en vivre qu’aux Charrues ». L’équipe a également dû gérer un certain nombre de problèmes techniques, dont celui d’un poteau qui menaçait de s’effondrer au niveau des entrées mauves, ce dimanche, suite aux rafales de vent de la soirée. « Heureusement, nous pouvons compter sur une équipe en or », s’est félicité Jean-Luc Martin, président des Vieilles Charrues.
Une programmation qui a rempli ses promesses
De leur côté, Jeanne Rucet et Jean-Jacques Toux, co-programmateurs du festival, sont, eux aussi, très satisfaits du retour du public. « Il n’y a pas de déception, ce qui est une chance, indique Jeanne Rucet. On a vécu des concerts incroyables. » La programmatrice salue en particulier la performance, samedi, du groupe Fleuves : « C’est un moment qu’on avait imaginé avec eux. C’était un petit pari. Et c’est un pari réussi. Personnellement, je me suis pris une bouffée d’émotions quand j’ai vu tous les festivaliers danser. Ce genre de moments, ce sont des moments qu’on ne vit qu’une fois ». Outre ses « chouchous », Viagra Boys, The Kills et Lambrini Girls, Jean-Jacques Toux félicite les lauréats du Label Charrues : « Je suis très fier de Fallen Alien et Horizontal Francis ».
Le Breton se félicite également de n’avoir essuyé aucune annulation. « Tous les artistes sont venus, ce qui est très satisfaisant. Sur la programmation en elle-même, on a vu passer beaucoup de commentaires… Mon sentiment, c’est que le public a répondu présent. Et c’est la seule réponse qui compte. » Un avis partagé par Jean-Luc Martin : « Quand je vois le sourire que les festivaliers avaient hier sous la flotte, je sais pourquoi je suis bénévole des Charrues depuis 31 ans ».
La 33e édition des Vieilles Charrues est à l’équilibre financier après une édition 2024 déficitaire. (Photo Nicolas Ollier)Pérenniser le modèle des festivals associatifs
Cette 33e édition des Vieilles Charrues aura par ailleurs été marquée par la visite de la ministre de la Culture, Rachida Dati. L’occasion pour Jérôme Tréhorel de rappeler que si l’avenir des Vieilles Charrues est plus serein aujourd’hui, le modèle économique des festivals reste menacé. « Aujourd’hui, le statut de festival associatif est galvaudé. Certains se disent 100 % associatifs mais touchent des subventions. Ça n’a pas de sens. » Ce dernier espère une prise de conscience de l’ensemble des acteurs de l’industrie musicale. « Avoir un festival sur son territoire, c’est un impact social, économique et d’image. C’est notre rôle, à tous, de nous mobiliser pour que ces événements perdurent et pour que la musique ne devienne pas un produit de luxe. »
Le chantier du futur Breizh Park
L’édition 2025 a beau ne pas encore être tout à fait terminée, les organisateurs des Vieilles Charrues se projettent déjà sur celle à venir. La 34e édition aura lieu du 16 au 19 juillet 2026. Jérôme Tréhorel espère que, d’ici là, les travaux du Breizh Park, un parc événementiel projeté sur la plaine de Kerampuilh, auront commencé. « On veut engager les travaux de ce fameux Breizh Park qui nous permettra d’envisager un avenir encore plus serein. »