C’était visiblement un jeu d’enfants. Ce samedi après-midi, des policiers municipaux ont été appelés en urgence au pied de l’œuvre monumentale, des bandes de tissu colorées larges de 6 mètres plantées sur la place Bellecour dans ses grandes traversées.
Des rubans interdisent son accès. La raison? Des boulons ont été dévissés des pieds soutenant la structure. Pourrait-elle présenter un risque ? En tout cas, tout l’après-midi, les forces de l’ordre ont été mobilisées pour restreindre l’accès de Tissage urbain, qui n’en finit pas, alors qu’elle vient tout juste d’être achevée d’installer, de faire couler de l’encre.
« Le summum du ridicule »
Si les écologistes continuent de vanter les bienfaits de ce tissage qui apporte quelques degrés de moins sur l’un des îlots les plus chauds de Lyon, à droite l’opposition répètent à quel point elle est « inutile », « une gabegie financière », et à des années-lumière des premières envies des Lyonnais, celle de voir la place Bellecour, végétalisée.
En tête de la contestation, Pierre Oliver, maire (LR) du 2e arrondissement et candidat aux municipales 2026 qui, à l’heure de constater les dernières dégradations, réagit sur X, pour dénoncer « le summum du ridicule ». Il écrit : « Après la dégradation de l’étendoir à 1,6M€, un périmètre de sécurité a été installé. Résultat : ce samedi après-midi, nos forces de l’ordre sont mobilisées pour protéger « l’œuvre » plutôt que nos rues. »
Au-delà de cette nouvelle polémique, la question en termes de sécurité de l’espace public se pose encore. Au moment d’étudier le projet, en janvier dernier, la Préfecture, si elle n’avait pas voulu bloquer le projet, ne l’avait pas validé alertant des risques que présentait l’implantation de Tissage urbain.
Les services de l’État redoutaient alors des problèmes de « maintien de l’ordre public » lors des manifestations ainsi que des « risques importants de dégradation de l’œuvre ». Une inquiétude que Grégory Doucet aurait entendue en décidant d’installer des nouvelles caméras pour surveiller cette installation. Contacté ce dimanche, Mohamed Chihi, adjoint (les écologistes) à la sécurité, affirme que la présence policière a été renforcée, tout comme la surveillance depuis le centre de supervision urbain. Une plainte a été déposée par la mairie. Une enquête est en cours.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté »
Il explique : «Dans le cadre de leurs missions habituelles de tranquillité publique, les effectifs de police municipale et nationale étaient présents sur le secteur. Nous avons su, en complément, mobiliser les moyens nécessaires pour répondre rapidement aux besoins spécifiques liés à cet acte. Les images issues de la vidéosurveillance sont actuellement analysées afin d’appuyer les investigations en cours et de permettre l’identification des auteurs de cet acte de vandalisme, que nous condamnons avec la plus grande fermeté. Nous dénonçons également les tentatives d’instrumentalisation politicienne qui ont suivi. Cette intervention ciblée n’a en aucun cas affecté les capacités opérationnelles de la police municipale, qui a poursuivi l’ensemble de ses missions sur le territoire. »
« La sécurité, l’un des points les plus importants »
De leur côté, Romain Froquet et Tristan Israel, artiste et architecte du projet expliquaient au Progrès, en mai dernier, qu’on ne pouvait pas « se lancer sur une installation de ce type-là, sur une place qui accueille des manifestations, une grande roue, des écrans géants et beaucoup de monde, avec des inconnues liées à la sécurité. C’était même l’un des points les plus importants. AIA design, qui fait partie de notre groupement avec aussi Bio Géo construction, nous a accompagnés sur cette partie très technique pour que l’installation puisse cohabiter avec la vie de la place. […] Nous avons répondu à un cahier des charges exigeant, nous sommes très à l’aise avec ces renforcements, ces éléments qui ont été dimensionnés pour accompagner la vie de l’œuvre. »