ANALYSE – Après quinze étapes, le Tour de France marque une pause avec une journée de repos. Bilan après deux semaines d’une édition 2025 menée à un rythme fou.
Coups de cœur
Tadej Pogacar l’extraterrestre
Quatre victoires d’étapes après deux semaines de course, une suprématie écrasante et une quatrième couronne qui lui tend les bras à Paris à moins d’un cataclysme. Tadej Pogacar marche sur le Tour de France, dévore la concurrence et n’échappe pas non plus au poids des soupçons. Il lui reste une semaine pour aller chercher le record de victoires d’étapes (huit en une édition) entre les mains de Charles Pélissier, Freddy Maertens et Eddy Merckx. Une quête impossible ?
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Thymen Arensman, l’homme qui a su résister à «Pogi»
Samedi, il a contrarié les plans de Tadej Pogacar en privant le Slovène d’un épatant triplé dans les étapes de montagne de Pyrénées. C’est déjà un exploit en soi. Dans le brouillard de Superbagnères, Thymen Arensman (Ineos Grenadiers) a signé un impressionnant numéro en solitaire pour remporter la 14e étape en résistant au retour du maillot jaune dans la dernière ascension (12,4 km à 7%). Un exploit majuscule.
Vauquelin, Martinez et Jegat chez les Bleus
Kévin Vauquelin continue de s’accrocher à son rêve de podium à Paris. Le Normand occupe une 5e place inespérée au classement général après les Pyrénées et un test XXL réussi en haute montagne. Même s’il fonctionne sur courant alternatif, Lenny Martinez a, lui, fait du maillot à pois un objectif pour son deuxième Tour de France. Il dispose d’un (très mince) matelas de huit points d’avance sur Pogacar avant les Alpes. Le plus dur reste à faire. Enfin, le discret Jordan Jegat frappe à la porte du Top 10 (11e) au classement général. Le Vannetais monte en puissance, à l’image d’une très belle étape à Carcassonne achevée à la 8e place en reprenant 4’31’’ sur le maillot jaune. La plus grande surprise de la première quinzaine côté français.
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Stéphane Boury, le plaqueur du Tour de France
Il a bondi depuis la ligne d’arrivée pour stopper un militant pro-palestinien au moment où le sprint s’emballait pour la victoire à Toulouse jeudi. Stéphane Boury, le responsable des sites d’arrivée du Tour de France, a fait preuve d’un immense sang-froid avant de plaquer contre les barrières l’individu inconscient qui avait fait irruption sur la route. Une opération sauvetage réussie pour le meilleur plaqueur de la caravane. En 2020 à La Roche-sur-Foron, il avait déjà arrêté un élément perturbateur qui avait voulu gâcher la fête en opérant de la même manière.
Coups de griffe
Le casque profilé de Vingegaard, signe d’un clan Visma dans le doute
C’est un peu le symbole d’une équipe Visma perdue et tentant le tout pour le tout face au rouleau compresseur UAE Team Emirates depuis le départ du Tour de France. Dans le contre-la-montre vers Peyragudes samedi, Jonas Vingegaard a tenté un coup de poker en se coiffant de son casque démesuré et profilé alors que le chrono était composé quasiment exclusivement de montées. Deuxième derrière Pogacar, le Danois a certes réussi une belle prestation mais le choix de matériel de la formation néerlandaise en nette perte de vitesse face à l’armada du Slovène interroge.
Remco Evenepoel ne répond plus
Le Belge a abandonné au cours de la 14e étape, à bout de forces, le regard perdu alors qu’il occupait la troisième place du classement général. Une terrible défaillance dans le Tourmalet et un coup de tonnerre pour la Belgique qui s’interroge de plus en plus sur la capacité, un jour, du double champion olympique de 24 ans à pouvoir se mêler à la bataille entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard. Si tant est que celle-ci existe encore après la claque infligée par le Slovène à son rival cette année.
Le suspense tué dans l’œuf
On ne peut que s’incliner devant la suprématie de Tadej Pogacar et se réjouir d’être les contemporains d’un immense champion, peut-être le plus grand de l’histoire du vélo. L’avenir nous le dira. Mais le soir du contre-la-montre à Peyragudes, «Pogi» a définitivement brisé le jouet des amoureux du Tour de France qui rêvaient d’un bras de fer jusque dans les Alpes. Son écrasante suprématie pourrait finir par lasser et porter ombrage à la plus grande épreuve cycliste au monde si personne ne parvient à lui donner la réplique.
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Pas d’étape française pour le moment
Il reste six étapes aux Bleus pour éviter un zéro pointé qui ferait tache dans la grande histoire de la Grande Boucle après les trois succès signés en 2024 grâce à Romain Bardet, Kévin Vauquelin et Anthony Turgis. Depuis 1903 seules deux éditions se sont achevées sans qu’un coureur français ne lève les bras sur la ligne d’arrivée : 1923 et 1999. Une troisième année noire en perspective ?
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