Une construction semi-enterrée a été mise au jour fortuitement sur une vaste parcelle de près de deux hectares, par Pascal Grué, président de l’Écomusée du Gapeau. Elle s’avère être un ancien four à terres cuites architecturales, destiné à la production de briques, tuiles et carreaux de pavement.
Laboratoire effondré
Ce modeste édifice de facture artisanale, dont seule la chambre de chauffe subsiste en bon état, intrigue par sa conservation exceptionnelle. D’une forme rectangulaire (1,93 m x 1,80 m) et haute de 0,93 m sous voûte, elle est construite en briques et couverte d’une voûte en berceau. Percée de six rangées de carneaux – petites ouvertures permettant la montée de la chaleur -, elle ouvrait sur un laboratoire aujourd’hui effondré. Ce dernier servait à la cuisson des produits en terre cuite, désormais ensevelis sous une épaisse couche d’argile rubéfiée, de fragments de tuiles et de blocs de grès.
Les premières investigations sur place, menées par une équipe de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, ont confirmé l’intérêt patrimonial du site. Corinne Landuré (chargée de la gestion patrimoniale), Pascale Barthès (archéologue) et Daniel Pouly (architecte des bâtiments de France) ont constaté la qualité architecturale du four, comparable à d’autres structures similaires datées de l’époque moderne.
Domaine agricole
Un fragment de vaisselle retrouvé dans le foyer, identifiable comme une production du XVIIIe siècle provenant d’un atelier de la vallée de l’Huveaune, vient étayer l’hypothèse d’un usage ancien, sans doute lié à l’activité d’un grand domaine agricole.
Selon les archives, la parcelle sur laquelle se dresse le four appartenait en 1810 à Joseph Gueit et Claire Genton, époux établis depuis 1770. Déjà plantée d’oliviers à l’époque, elle ne mesurait alors que 836 m². Il peut être visité par l’intermédiaire de l’Écomusée à l’occasion des Journées du patrimoine.
Patrimoine local
Cette découverte vient enrichir le patrimoine historique de la vallée du Gapeau, révélant un pan discret mais essentiel de l’économie rurale préindustrielle : celle des matériaux de construction façonnés sur place, dans l’ombre des grands domaines, pour édifier les fermes, bastides et restanques de la Provence d’autrefois.