Connus pour leurs talents de mosaïstes, les membres de la famille Odorico, originaires d’Italie, ont laissé leurs traces majoritairement en Ille-et-Vilaine… Mais pas que. Qui sont-ils ? Vincent et Isidore Odorico, sont deux frères, originaires de Sequals, une ville du nord de l’Italie. Immigrée en France pour des raisons économiques au XIXe siècle, la fratrie avait un objectif en tête : conquérir la France encore dépourvue de mosaïques.

Une aventure qui débute à Paris avec un projet pour l’opéra Garnier. Après s’être tournés vers la ville de Tour, ils décident de s’installer à Rennes, en 1882. Leurs œuvres, aujourd’hui particulièrement connues en Ille-et-Vilaine, sont en réalité étendues dans l’ensemble de la Bretagne, où 700 mosaïques ont été recensées. Nous avons compilé pour vous, plusieurs sites où l’on peut admirer des mosaïques de la famille Odorico dans chaque département.

En Ille-et-Vilaine

La ville de Rennes recense une grande partie des œuvres d’Odorico, mais c’est loin d’être la seule en Ille-et-Vilaine. À Fougères, la façade de l’usine Morel et Gaté est couverte de ces pièces rectangulaires aux milles et une couleur. À une demi-heure de Rennes, dans la commune de Tinténiac, plus précisément au cœur de l’église de la Sainte Trinité, se cache une immense fresque signée Isidore Odorico fils. À Vitré, le sol du restaurant Odorico est lui aussi parsemé de parcelles de mosaïques. Une visite guidée est aussi mise en place par la ville, pour y découvrir toutes les œuvres de la famille.

Dans les Côtes-d’Armor

Le style mosaïque Art déco, très apprécié à l’époque, se propage avec les politiques de modernisation urbaine, notamment après la Première Guerre mondiale. Les municipalités veulent du « beau et moderne », ce qui favorise l’appel à des artisans comme Odorico. Les Côtes-d’Armor, bien connectées à Rennes par le train et la route, sont facilement accessibles. Odorico est alors très connu, et les villes cherchent des décorateurs prestigieux.

Il est possible d’observer leur œuvre au bureau de poste de Perros-Guirec, qui abrite un parterre de mosaïque. Le vestibule est aussi paré de celles-ci. À 1 h de là, les plus curieux pourront approcher l’ancienne maison Odorico, située à Lamballe-Armor. Sans surprise la mosaïque recouvre la façade de la maison, située rue Paul Langevin. Le centre culturel de la ville abrite aussi dans le hall des décors de mosaïque. La plus grande ville des Côtes-d’Armor, Saint-Brieuc, regorge elle aussi d’œuvres made by Odorico. Notamment dans le centre-ville, rue Fardel, rue Saint-Gouéno, où certains bâtiments présentent des mosaïques géométriques caractéristiques du style Odorico.

En Finistère

À partir de Rennes, la famille Odorico rayonne dans tout l’Ouest de la France, y compris Finistère. En cherchant bien, il est possible d’en trouver à Morlaix. Un espace orné d’une de leur œuvre a été déniché dans l’ancienne verrière d’un jardin d’hiver du Manoir de Ker-Huella, où il est possible de passer la nuit. Un revêtement de mosaïque d’Odorico, réalisé entre 1937 et 1938 a également été découvert à Saint-Pol-de-Léon à l’ancienne « clinique du Laber ». Selon l’association de l’HeSCO (Héritage Scientifique et Culturel Ouest), ces œuvres comptent parmi les plus grands ensembles du mosaïste conservés dans le Finistère, ainsi qu’un atout majeur pour le bâtiment qui les abrite.

Dans le Morbihan

Côté Morbihan, les œuvres de la famille Odorico se font plus rares, cachées entre les murs de certains commerces où sur les monuments historiques. C’est le cas à Sainte-Anne-d’Auray, où Odorico a monté les voûtes du monument aux morts de la ville. Le mémorial de la Grande Guerre de Sainte-Anne-d’Auray, a été édifié de 1922 à 1932 par les cinq diocèses de Bretagne en honneur aux 240 000 Bretons victimes de la Première Guerre mondiale. La rotonde (bâtiment couvert de plan circulaire), dissimule une coupole signée Odorico. Elle trouve en son centre un immense soleil de mosaïque, entouré d’un ciel bleu azur. Ce genre de structure nécessite une précision sans failles de la pose des morceaux de mosaïque et la famille italienne a relevé le défi haut la main.