Par

Anne-Sophie Hourdeaux

Publié le

15 avr. 2025 à 12h40

20 associations nordistes viennent de sortir un document sur l’hébergement des exilés dans la métropole de Lille. L’état des lieux pointe un manque de places criant, y compris pour les mineurs et ça s’aggrave. Elles dénoncent « la non-assistance à personne mal logée ». Des propositions sont également faites pour avancer vers plus de dignité. De juillet 2022 à mars 2025, une vaste étude a été réalisée dans la métropole lilloise sur les conditions d’hébergement et de logement des étrangers. Difficile d’avoir des chiffres précis, les associations ne pouvant se baser que sur les personnes faisant appel à elles. Les chiffres évoqués sont donc « a minima ».

1821 personnes dorment à la rue, + 23 %

On compte 300 mineurs étrangers à Lille en 2024. Le Réseau Solidarité Santé a repéré, entre janvier et septembre 2024, 120 femmes sortant de maternité avec leur bébé sans solution de logement (94 % sont de nationalité étrangère). Les bidonvilles de la métropole lilloise comportent environ 1000 personnes dont la moitié de mineurs, sur 73 campements.

« En mars 2023, dans la Métropole Européenne de Lille, 1 821 personnes différentes ont appelé le 115 et déclaré avoir dormi à la rue, dont 630 enfants, soit une hausse de 23 % par rapport à mars 2019 » dit Héloïse, du RAIL.

Le cas épineux des mineurs étrangers

L’état de l’accueil des mineurs étrangers, pourtant de la compétence du Département du Nord, est particulièrement pointé du doigt, comme l’explique Lucile, d’Utopia : « Dans la loi, l’évaluation de leur minorité doit se faire dans les 5 jours, où ils doivent être hébergés. Dès la présomption de minorité, ils devraient être mis à l’abri. Ce n’est pas le cas. Il y a eu plusieurs campements, le dernier c’était aux Bois Blancs. La mobilisation a permis de les héberger ponctuellement. 50 le sont dans les paroisses jusqu’au 28 avril, car ce n’est proposé que durant l’hiver. Actuellement, 289, reconnus ‘non mineurs’, sont en recours, ne sont toujours pas hébergés par le Département… »

Daouda, originaire de Guinée, et Salia de Côte d’Ivoire, sont concernés. Ils lancent un appel.

Notre minorité n’a pas été reconnue, on est en recours de cette décision. Les critères sont abstraits, on ne prend pas en compte nos papiers d’identité, nos dires ne sont pas repris dans les comptes rendus administratifs. Nous ne pouvons pas être scolarisés, c’est l’errance. Nous demandons à la ville de Lille et au Département de réagir.

Daouda et Salia

Des propositions

Il existe quand même des actions positives : « La ville de Lille met à disposition des logements appartenant à la ville pour les familles notamment, elle finance aussi l’accompagnement social dans certains cas ».

Ce document propose aussi des solutions et demande : la mobilisation des logements vacants, des efforts administratifs pour éviter les ruptures de droits liés aux délais de renouvellement des titres de séjour, un accueil physique du 115, la prise en charge effective du public le plus fragile (femmes enceintes, enfants)…

Parmi les évolutions à venir, sont notées : la participation des premiers concernés à une réflexion globale d’accompagnement, la création de lieux d’échange entre associations et pouvoirs publics, la mise en place d’une coordination du réseau des citoyens hébergeurs…

Et après ?

Que va devenir ce document ? Des élections approchent, « on pourra interpeller les candidats » dit l’un. « Ce document est une base pour aller plus loin. Il nous a permis de mieux nous connaître entre associations » analyse un autre.

Pour consulter le document, cliquez sur ce lien.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.