Attablé avec un collègue, Bruno, 50 ans, ne s’attendait pas à être agressé en plein jour. « J’étais assis en terrasse avec, dos à la chaussée, on discutait tranquillement, et là, j’ai senti une main qui me tirait par le t-shirt. »

Bruno est alors projeté au sol. « Il m’a foutu par terre assez violemment, je n’ai pas compris ce qui m’est arrivé, en me relevant, je vois deux jeunes en face de moi qui reculaient quand je m’approchais. L’un deux a alors sorti une bombe lacrymogène et m’a aspergé la figure. »

Il tente malgré tout de poursuivre les agresseurs. « J’ai essayé de les pourchasser quand même dans les rues du cours Tolstoï, mais voilà j’ai 50 ans… Je me suis mis à en suivre un mais il a finalement réussi à me semer, il s’était sûrement caché derrière une voiture, il m’a eu. »

Dans sa course Bruno chute sur la chaussée mouillée par la pluie. « Je suis tombé par terre, j’ai glissé et je me suis fait mal au genou, j’ai un hématome à la hanche et puis il y a le trauma. »

Ce n’est qu’en revenant au bar qu’il découvre ce qui lui a été dérobé. “Je craignais vraiment qu’ils aient volé mes papiers etc., mon collègue me rassure en me montrant que ma sacoche était bien là avec mon téléphone, j’étais soulagé. Mais là il regarde par terre et voit un maillon de chaîne, et là ça a tilté. J’ai mis la main autour de mon cou et j’ai compris que c’était ma chaîne en or qu’ils m’avaient volé.”

Selon le barman, les deux jeunes individus étaient installés à proximité et “guettaient” depuis plusieurs minutes. Bruno, lui, se dit profondément choqué : « C’est dingue, je suis en bas de chez moi en train de boire un café et je me fais agresser comme un chien. »

Très attaché à cette chaîne, un cadeau offert par ses parents à ses 20 ans, il confie : « C’était surtout sentimental… C’est pour ça que je suis d’autant plus abattu et énervé de l’avoir perdue. »

« Je suis traumatisé »

Il s’est immédiatement rendu au commissariat pour porter plainte. « Il a fallu que j’insiste à l’accueil car ils ne voulaient prendre que ‘les urgences’. Je leur ai dit, attendez, mais je pense que c’est assez urgent. »

Bruno espère que les caméras du cours Tolstoï permettront d’identifier les agresseurs. Il fait aussi le lien avec d’autres vols similaires dans le quartier. « Il y a quelque mois, deux mamies se sont fait arracher leur chaîne. Ces jeunes-là ont été pistés grâce aux caméras et ils habitent à 100 mètres de chez moi. Ils squattent un immeuble malgré un avis d’expulsion. »

« Tous les soirs il y a un bruit pas possible, des bagarres, une fois il y en a même qui se courraient après avec un sabre de Yakuza, ajoute-t-il. « On est où là ? Je ne reconnais plus mon quartier. C’est affreux ! »

Depuis l’agression, Bruno dit ne pas avoir osé sortir. « samedi soir, j’avais un mariage, je n’y suis pas allé. Dimanche, je ne suis pas sorti de chez moi non plus. Ce lundi, je voudrais aller au sport, mais je n’ai pas le courage. » Avant de conclure : « Je suis traumatisé. Il faut que ça s’arrête ! Où va-t-on ? »

Bruno avait déjà prévu de quitter Villeurbanne depuis quelque temps, et cette agression violente n’a fait que renforcer sa décision de partir définitivement.

« Il y a 11 ans, ce n’était pas comme ça. C’était cosmopolite et tout le monde s’entendait bien. Mais aujourd’hui ce n’est plus possible, là, j’en peux plus. Ce genre d’individu pourrit la vie de tout le monde, c’est pour ça que je ne veux pas laisser passer ça. J’espère qu’il y aura une enquête et qu’ils seront attrapés. »

De son côté la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) nous confirme qu’une enquête est en cours.