Invité par la ville de Montpellier et ASO pour une exposition dédiée à l’histoire du cyclisme, Richard Virenque n’a rien perdu de sa passion. Maillot à pois sur les épaules à sept reprises, le grimpeur mythique du Tour de France a pris le temps de revenir sur ses souvenirs, son admiration pour le Ventoux, et son regard affûté sur la course 2025. Entre anecdotes personnelles, analyse tactique et clin d’œil à Lenny Martinez, il décrypte les forces en présence et livre ses prédictions pour la suite.

 

« Lenny Martinez est très bien placé pour viser ce maillot à pois »

Que ressentez-vous en voyant vos maillots exposés dans ce musée ?

C’est toujours un clin d’œil sympa. Là, c’était l’un de mes maillots à pois des années 2003 ou 2004, porté sur un contre-la-montre. Quand on commence à figurer dans un musée, c’est qu’on a marqué un petit morceau d’histoire. C’est aussi un plaisir de se retrouver aux côtés d’autres grands noms comme Tom Boonen, Stéphane Goubert ou Laurent Jalabert. Mais il faut surtout saluer le travail de Louis-Nicolas, un passionné qui a rassemblé une collection extraordinaire. Ses enfants essaient aujourd’hui de transformer ce musée privé en musée public, et franchement, ça le mérite : il n’y a rien d’équivalent au monde.

 

Qui voyez-vous en vainqueur du maillot à pois cette année ?

Avec le Ventoux, la Loze, La Plagne… on entre dans le dur. Les points vont compter double sur les hors-catégorie. Lenny Martinez est très bien placé pour viser ce maillot dès son premier Tour, mais ce ne sera pas simple : les favoris du général vont aussi se battre sur ces étapes. Si je devais faire un pari, je dirais que Jonas Vingegaard pourrait se consoler avec ce maillot à pois. Il a la caisse pour aller chercher de gros points en haute montagne.

 

« Pogacar… Ce qu’il fait cette année est énorme »

Tadej Pogacar a-t-il déjà gagné le Tour de France 2025 ?

Non, pas encore. Il a pris une belle option, mais rien n’est fait. Le Ventoux l’a déjà fait souffrir, et il reste encore des cols très difficiles. Il a certes un ascendant psychologique, mais Vingegaard est revanchard. Il ne s’est pas fait ridiculiser, mais il a clairement été dominé jusqu’ici. Et un coureur blessé dans son orgueil, ça peut être dangereux. En face, Pogacar semble intouchable, mais le Tour peut toujours basculer, surtout sur chute ou incident. Il est dans une spirale de plaisir avec son équipe, mais il reste encore du chemin.

 

Certains parlent de Pogacar comme du nouveau « Cannibale ». Vous validez ?

Il est bien parti pour, oui. Ce qu’il fait cette année est énorme. Il est présent sur toutes les courses importantes. Ce qui m’a bluffé, c’est son premier Paris-Roubaix : sans sa chute, il aurait pu le gagner. Il est complet, très fort… mais pas invincible. Une chute, un jour sans, et tout peut changer. Le suspense reste intact.

 

« J’avais un Pogacar à affronter, c’était Lance Armstrong »

Le Mont Ventoux arrive demain. Qu’est-ce que cette ascension représente pour vous ?

Le Ventoux, pour un grimpeur, c’est le sommet absolu. J’ai grandi dans le sud, et pour moi, c’est le col le plus mythique. C’est deux fois l’Alpe d’Huez en difficulté. Quand on arrive au Chalet Reynard, on est à 1500 mètres, puis il y a souvent le Mistral en pleine face. Et le dernier kilomètre… terrible. Mais c’est aussi magique : il y a une vraie communion avec le public, c’est une grande fête du vélo. Je pense que demain sera un grand moment.

 

Un conseil pour les attaquants qui voudraient briller au Ventoux ?

Oui : faire comme moi en 2002 ! J’avais un Pogacar à affronter, c’était Lance Armstrong. J’ai su partir au bon moment et résister. Alors pourquoi pas demain ? Le Ventoux peut réserver des surprises.