Son chemin vers mars 2026 et les municipales était déjà long. Mais sur la route de Rachida Dati vient de se dresser une autre échéance : une élection législative anticipée, qui plus est dans une circonscription qu’elle connaît bien. La deuxième « circo » de Paris, à cheval sur les Ve et des parties des VIe et VIIe arrondissements, dont elle est la maire.
Si le scrutin ne devrait pas avoir lieu d’ici au mois d’octobre, les grandes manœuvres sont déjà lancées. Premier à dégainer : l’ancien Premier ministre Michel Barnier qui a rapidement fait savoir qu’il proposait sa candidature en début de semaine dernière. De quoi faire bondir la ministre de la Culture bien décidée désormais à lui barrer la route.
Pour faire passer le message, la maire du VIIe a réuni ses proches ce lundi dans un café à deux pas du musée d’Orsay. Devant une audience compacte – environ 250 personnes – et acquise à sa cause, Rachida Dati a voulu jouer la carte de la clarté, au moment où sa décision de s’engager dans la bataille de cette législative partielle interroge certains de ses proches. « La question qui se pose, c’est Paris », lance-t-elle d’emblée pour rassurer celles et ceux qui voyaient dans une possible candidature à la législative un renoncement à son objectif final qu’est l’Hôtel de Ville.
« J’ai du mal à comprendre la stratégie »
Une ambition qu’elle n’a eu de cesse de marteler ce lundi soir : « On a une chance historique de gagner Paris » ; « Un autre Paris est possible » ; « Les Parisiens ont envie d’alternance ». Ou encore : « Je vous emmènerai vers la victoire ». La victoire, oui, mais laquelle ? Difficile de savoir si les militants ont assisté ce lundi au meeting d’une candidate à un siège au Palais-Bourbon où à celui de maire de Paris. « J’ai du mal à comprendre la stratégie. Précisément, que se passe-t-il ? », lui demande ainsi une militante tout habillée de bleu clair.
« Ce n’est pas moi qui bouscule les divisions », répond Dati, en ciblant, tout en prenant soin de ne nommer personne et de ne surtout pas s’en prendre directement à Michel Barnier. Car pour l’ancienne garde des Sceaux, celui qui était il y a encore quelques mois son Premier ministre s’est surtout fait « instrumentaliser par certains qui veulent la division ».
« Barnier a des ambitions nationales, moi parisiennes. Mes intentions sont connues », rappelle la maire du VIIe arrondissement à son auditoire.
Barnier, « un candidat instrumentalisé »
Avec un message clair : la solidité et l’union. « Il n’y peut pas y avoir deux candidatures à Paris. Je vois bien les petits calculs et les petites agressions. Mais on n’y répond pas. Je n’irai pas là-dedans. Surtout, je ne veux pas que vous soyez l’objet d’un marchandage. Est-ce que vous ne méritez pas mieux qu’un candidat instrumentalisé pour faire perdre Paris ? », poursuit Rachida Dati, filant la métaphore guerrière.
« Je n’ai peur de rien, de personne. Les trouillards et les losers, ça n’a jamais construit ma vie. Pas d’inquiétude, je sais me battre, je ne me dérobe pas. Soyez solides, ne vous laissez pas intimider. Ce qui se profile, c’est juste un facteur de division. L’unité, il faut la maintenir », plaide-t-elle.
Sur le trottoir du café, les soutiens de la ministre valident ce qu’ils viennent d’entendre. « Il y a d’autres circonscriptions où les députés ont été rendus inéligibles. Pourquoi Barnier ne s’est pas présenté à celles des Français de l’étranger ? De voir quelqu’un de son envergure utilisé comme l’idiot utile de cette manière, c’est vraiment dommage », souffle un cadre LR, convaincu des chances de Dati dans cette législative, « qu’elle soit investie par le parti ou non ». « Normalement », elle devrait être entendue par la commission nationale d’investiture lundi 28 juillet, nous glisse un autre élu des Républicains.
Si le respect envers Michel Barnier n’est pas à remettre en cause, certains militants s’interrogent tout de même sur le fond de sa candidature. « Un député représente la nation, certes. Mais il représente un territoire avant tout. Il a moins de légitimité que Rachida. Il n’y a pas si longtemps, il se mettait en scène en Joe Biden des montagnes. Là, on le découvre presque en tant que Parisien. Ça ne sonne pas juste », lance Paul, 31 ans. « Là, son message, il est clair ! Les gars, ne venez pas sur mon terrain, je ne bluffe pas », ajoute un collègue.
Une simple étape avant l’Hôtel de Ville ?
« Cette législative, c’est une très bonne étape pour la municipale. Commencer par une victoire, ça serait pas mal non ? », embraye un autre soutien de Dati. Christophe, habitant du VIIe, ne se pose pas de question. « Pour nous, c’est très clair. Il faut tout faire pour Paris. Qu’on vienne d’assister au meeting d’une candidate aux législatives ou aux municipales, peu importe. S’il faut passer par ce marchepied, elle le fera… »